À peine deux semaines après son premier conseil d’arrondissement, la mairesse de Montréal et de Ville-Marie en a tenu un autre le 9 décembre dernier.
La salle était à nouveau remplie; toutes les chaises de la salle étaient occupées. Plusieurs conversations à voix basse entre les personnes participant au conseil avaient lieu avant l’arrivée de la mairesse. D’autres observaient le grand sapin de Noël dressé le long d’un mur de la salle municipale.
Ce dernier conseil avant les fêtes a commencé par l’annonce par la mairesse du départ à la retraite de Marc Labelle, ayant œuvré 32 ans à la Ville, dont sept comme directeur d’arrondissement. Malgré ce départ, Martinez Ferrada a affirmé que M. Labelle laissait en place une nouvelle équipe qualifiée, prête à affronter les défis qui se présenteraient à elle. Après un court discours du futur retraité et la présentation des élu-es présent-es, la période de questions a rapidement commencé.
Outre la mairesse, étaient présent-es Christopher McCray, élu du district de Sainte-Marie; Claude Pinard, élu du district Saint-Jacques et Leslie Roberts, élu du district de Peter-McGill ainsi que deux conseillers des arrondissements Ahuntsic-Cartierville et Tétreaultville, Effie Giannou et Julien Hénault-Ratelle.
Avant de donner la parole aux citoyennes et citoyens, la mairesse a réitéré les priorités sur lesquelles elle veut travailler, la première d’entre elles étant l’itinérance. L’instauration de haltes-chaleur est sa première action pour contrer la crise. La politicienne en a appelé à la solidarité de la population, tout en se félicitant qu’il n’y ait pas de décès pour l’instant.
L’itinérance est le sujet de l’heure. Martinez Farrada a déjà abordé les plaintes des commerçants au conseil précédent, et parle de cet enjeu comme « des pots cassés à recoller », en assurant qu’elle consultera les différents intervenants concernés.
Des questions variées
D’emblée, la mairesse a annoncé avoir tenu une consultation la veille du conseil avec les commerçants de la rue Atateken concernant l’aménagement de la piste cyclable. La consultation était organisée par la Société de transports de Montréal (STM). Sa tenue a apparemment été communiquée aux citoyens et citoyennes des environs. L’une d’elles a cependant affirmé ne pas avoir reçu une telle invitation.
Un propriétaire de bâtisse industrielle du quartier s’est indigné qu’à la suite d’une hausse de l’évaluation foncière de 70 %, son compte de taxes avait augmenté de 34 %, pouvant aller jusqu’à 50 % pour certaines bâtisses.
Un habitué du conseil, M. Lebel, déguisé en père Noël, a commencé son discours par un remerciement envers la nouvelle mairesse; pour lui, un mois avec la nouvelle mairesse équivaut à plusieurs années avec l’ancienne, sans préciser de quoi il en retournait exactement. Il a offert son aide pour faire du bénévolat et aller à la rencontre des personnes en situation d’itinérance. L’équipe d’élu-es l’a encouragé à contacter les organismes œuvrant dans le milieu.
Une citoyenne représentant un petit groupe de personnes aînées a demandé à la mairesse son plan afin d’assurer une place en résidence abordable (RPA) pour ce groupe d’âge. Martinez Ferrada a assuré qu’il s’agissait d’un enjeu qui lui tenait à cœur, mais est restée assez vague en termes d’actions concrètes, soulignant qu’il s’agissait d’un enjeu provincial.
Un représentant de l’Association Citoyenne du Village a nommé être toujours en attente du plan de revitalisation de la rue Sainte-Catherine. Claude Pinard a affirmé que le projet était en cours.
Un représentant de la Coopérative d’habitation du quartier chinois a présenté un projet communautaire visant la création d’un immeuble de logements abordables et durables, intégrant des espaces communautaires, respectant le patrimoine culturel du quartier chinois et répondant aux besoins de ses résidents. Il a demandé un soutien financier de la Ville, soulignant que les projets communautaires de taille moyenne ont de grandes difficultés à obtenir du financement malgré leur alignement avec les priorités municipales et le Plan d’action du quartier chinois 2021-2026.
En réponse, la mairesse a souligné son engagement envers l’habitation sociale et a insisté sur la nécessité d’accélérer la construction de logements, notamment dans le quartier chinois, afin de répondre rapidement à la crise de l’abordabilité, en collaboration avec les communautés et les organismes à but non lucratif. Quant à lui, Claude Pinard a reconnu le retard dans le développement de certains immeubles municipaux du quartier chinois et a annoncé que des analyses étaient en cours. Il a réaffirmé l’importance de préserver l’héritage culturel de la communauté chinoise, de soutenir le logement social, notamment les coopératives, et a évoqué l’élaboration à venir d’un plan de relance du quartier.
Un citoyen a témoigné du fait que la crise du logement touchait aussi la classe moyenne, en parlant de l’augmentation fulgurante des prix des loyers dans les dernières années. « Nous aussi, nous cherchons des logements à prix abordable », a-t-il dit. Il a affirmé avoir observé que dans une bâtisse de logements HLM neuve, seulement trois appartements étaient occupés. Il a cité un autre exemple d’une personne en situation de handicap vivant dans un HLM insalubre dans lequel des souris se faufilaient plusieurs fois par jour.
« Je suis frustré, comme vous, de constater qu’il y a 349 appartements vides. Nous avons demandé une reddition de compte à l’ancienne administration. C’est vrai que la crise touche tout le monde et il faut alléger les critères d’accessibilité pour que tout le monde ait une chance d’avoir accès à un logement abordable », a répondu la mairesse.
Des musiciens de rue ont demandé à ce que l’octroi des permis soit plus restrictif et que plus d’endroits publics leur soient dédiés, particulièrement dans le Vieux-Montréal, affirmant qu’ils étaient aujourd’hui très nombreux et que les endroits les plus fréquentés et les plus payants n’étaient plus accessibles. L’administration a assuré qu’une solution serait envisagée pour régler cet enjeu.
Des assemblées citoyennes
La mairesse a annoncé vouloir tenir des assemblées citoyennes, en dehors des séances du conseil municipal, afin que les citoyennes et citoyens puissent poser toutes leurs questions et discuter des enjeux qui leur tiennent à cœur.
La forme et l’horaire n’ont pas encore été communiqués.
Ce compte rendu est l’œuvre d’un camelot de L’Itinéraire participant au projet Documentalistes Canada.
Documentalistes Canada est financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (225 000 $) et la Fondation Inspirit (50 000 $).



