Pivot assume fièrement une ligne éditoriale progressiste. Cela n’implique en rien une moindre rigueur ni une moindre qualité du travail journalistique. Pivot mise sur la forte conviction que ces deux aspects ne sont pas contradictoires, mais bien complémentaires.
Pivot pratique un journalisme à la hauteur des plus sérieux standards dans le domaine. Les normes journalistiques généralement admises sont par exemple présentées dans les guides de déontologie de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec et du Conseil de presse du Québec.
Toutefois, Pivot prend ses distances avec certaines conventions liées à l’objectivité et la neutralité journalistiques. Les lignes qui suivent présentent donc la politique de Pivot en la matière.
Normes éditoriales et journalistiques
Genres journalistiques
Pivot pratique deux genres distincts de travail journalistique : le journalisme d’information et le journalisme d’opinion.
- Les journalistes d’information rapportent les faits relatifs à des enjeux d’intérêt public, les expliquent, les situent dans leur contexte et rendent compte des interprétations, commentaires et jugements de différent·es acteur·trices sociaux·ales. Les journalistes d’information reconnaissent que leurs préoccupations et valeurs influencent le choix et le traitement des sujets, mais s’abstiennent d’exprimer directement toute interprétation, commentaire ou jugement personnels.
- Les journalistes d’opinion proposent des interprétations, commentaires et jugements sur des enjeux d’intérêt public. Elles et ils sont tenu·es de respecter toutes les normes journalistiques relatives à la qualité de l’information, à l’exception de celles concernant l’équité des points de vue. Elles et ils exposent ou rappellent ainsi les faits pertinents; ceux-ci doivent être exacts et complets. Elles et ils explicitent aussi le raisonnement qui soutient leur prise de position; celui-ci doit être rigoureux.
Qualité de l’information
Journalisme factuel et critique
Plutôt qu’un journalisme « objectif » et « neutre », Pivot propose un journalisme factuel et critique.
Pivot estime que la prétention à l’objectivité ou à la neutralité masque surtout la persistance, consciente ou non, du point de vue, des conceptions et des valeurs dans l’information. Ceux-ci agissent inévitablement à diverses étapes de leur travail : sélection des sujets jugés importants, problématisation des enjeux, choix des sources jugées crédibles et des voix à relayer dans l’espace public, sélection des faits jugés significatifs, reconstruction et organisation des informations, etc. Pivot juge qu’il vaut mieux le reconnaître et l’assumer que le dénier.
Cela dit, le journalisme factuel, sans prétendre à la neutralité, demeure orienté par la recherche et la publication de faits véridiques, consistants et complets. Ainsi, les journalistes ne s’en tiennent jamais à des croyances ou des préconceptions, mais réunissent et présentent des informations solides. Les journalistes d’information s’abstiennent aussi d’ajouter aux faits toute interprétation, tout commentaire ou tout jugement personnels.
Par ailleurs, c’est l’esprit critique des journalistes qui, sans prétendre à la neutralité, mais en exigeant méthode, prudence et réflexivité, leur permet de faire intervenir leurs convictions dans leur travail, sans mettre de côté la rigueur.
D’une part, c’est cet esprit critique à l’égard de la société et de ses injustices qui leur permet de faire des choix pertinents en matière de sujets, d’angles, de sources, de points de vue, etc., dans le but de mettre en lumière les grandes problématiques ainsi que les voies de transformation qui animent leur société. Ces choix sont indissociables de préoccupations, conceptions et valeurs particulières – et plus précisément, progressistes.
D’autre part, c’est encore cet esprit critique qui leur exige d’aller au-delà de leurs propres préconceptions, des idées dominantes et d’autres préjugés en recherchant des informations ou des points de vue susceptibles d’étoffer, de complexifier, de transformer voire de contredire ces représentations initiales.
Critères d’une bonne information
Pivot définit un journalisme rigoureux sur la base des critères suivants :
- Véracité : l’information est avérée et exacte.
- Consistance : les faits, les liens, les raisonnements et les arguments présentés sont solides et cohérents.
- Complétude : l’information comprend les faits essentiels à la bonne compréhension d’un sujet et à sa remise en contexte immédiate et globale.
- Équité : les différents points de vue des parties en présence sont présentés de manière juste et honnête, en tenant compte de leur importance et de leur solidité relatives.
Collecte et vérification de l’information
Les journalistes privilégient les voix d’en bas plutôt que d’en haut : les voix issues de la société civile plutôt que des autorités et pouvoirs en place, les voix marginales plutôt que celles des groupes dominants.
Les journalistes s’assurent de la véracité et de l’exactitude des faits rapportés en menant un strict travail de collecte et de vérification des informations. L’esprit critique à l’égard des discours et informations circulant dans l’espace public vaut aussi pour les sources officielles (gouvernements, police, institutions publiques, etc.).
Présentation des différents points de vue
Pivot met en lumière les débats, conflits et inégalités socio-politiques qui structurent la société. La connaissance des différents points de vue en présence est essentielle à la bonne compréhension de ces débats. Ainsi, sur les sujets conflictuels, les journalistes font état des points de vue, discours et gestes des différentes parties.
Pour favoriser la bonne compréhension des débats publics et contextualiser les discours particuliers, les journalistes ne se contentent pas de juxtaposer les différents points de vue, mais les présentent de manière à clarifier comment ils se situent les uns par rapport aux autres, notamment ce qui les rapproche ou, surtout, ce qui les fait s’opposer.
Traitement équitable
Les journalistes présentent les différents points de vue qui animent la société de manière équitable, c’est-à-dire à la fois ouverte et critique. Les journalistes tiennent compte de l’importance et de la solidité relatives des différents points de vue.
Les journalistes tiennent compte de l’espace médiatique et public global et de la diffusion relative dont y bénéficient les différents points de vue. Ils et elles accordent une importance particulière à ceux qui sont peu entendus et peuvent choisir de laisser de côté ou d’accorder moins d’importance à ceux qui sont déjà amplement connus.
Les journalistes accordent aussi une attention spéciale aux points de vue des personnes ou groupes socialement minorisés ou directement concernés par les enjeux.
Les journalistes mettent en perspective les discours les uns par rapport aux autres, par rapport aux informations disponibles et par rapport aux grands enjeux sociaux, de manière à faire ressortir leurs forces et leurs faiblesses. Le souci d’équité ne dispense pas du travail de vérification des faits : si des propos sont erronés ou encore trompeurs, les journalistes les écartent ou, si leur diffusion est d’intérêt public, les accompagnent d’une mise en garde, en contexte ou en perspective.
Les journalistes traitent les points de vue dommageables, dangereux, haineux ou qui portent préjudice aux groupes vulnérables avec une prudence particulière. Ils et elles les rapportent lorsque cela est d’intérêt public, et toujours de manière critique.
Normes éthiques et déontologiques
Indépendance
Guidé par sa ligne éditoriale, Pivot sert l’intérêt public général, mais non les intérêts particuliers d’acteurs particuliers (partis, syndicats, organismes communautaires, groupes de recherche ou de pression, etc.). S’il reste attentif aux préoccupations qui animent ces milieux, le média ne se soumet à l’agenda particulier d’aucune organisation ou personnalité particulière et préserve son indépendance critique.
Contributeurs financiers
Les personnes et organisations offrant un soutien financier significatif sont affichées publiquement sur le site Web de Pivot.
L’indépendance demeure à l’égard des personnes et organisations offrant un soutien financier à Pivot. Elles n’ont pas de droit de regard sur le contenu publié. Elles n’ont pas droit à un traitement privilégié dans la couverture de l’information.
Pivot maintient une séparation structurelle entre, d’une part, la recherche de financement et, d’autre part, le travail et les décisions journalistiques. Ces dernières appartiennent à l’équipe journalistique, qui n’est pas impliquée dans la recherche de financement ou dans les relations avec les contributeurs financiers.
Causes et organisations
Les journalistes peuvent effectuer du travail, rémunéré ou non, pour des groupes de bienfaisance et participer à des activités ou causes socio-politiques ponctuelles.
Cela exclut le travail, rémunéré ou non, pour des groupes d’intérêt socio-politiques établis.
De plus, les journalistes n’effectuent en aucun cas de travail, rémunéré ou non, pour des élu·es, des personnes occupant des fonctions publiques, des candidat·es ou des partis politiques, que ce soit durant ou entre les campagnes électorales municipales, provinciales ou fédérales.
Par ailleurs, les journalistes évitent tout conflit d’intérêts et toute apparence de conflit d’intérêts.
Les journalistes n’effectuent pas de travail rémunéré ou non pour des personnalités ou groupes en tous genres dont ils et elles sont appelé·es à couvrir les activités. Ils et elles s’abstiennent d’écrire sur des sujets ou acteur·trices avec lesquels ils et elles sont engagé·es.
Les journalistes d’opinion s’abstiennent d’écrire sur des sujets ou acteur·trices avec lesquels ils et elles ont des intérêts financiers significatifs (ce qui n’exclut pas un lien d’emploi ou contractuel).
Les journalistes adoptent un rôle d’observation, et non de participation, dans les événements qu’ils et elles couvrent.
