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Élections municipales : revenir aux années de Gérald Tremblay?

Alors que les locataires sont toujours aux prises avec l’héritage des maires Tremblay et Coderre, Montréal doit préserver et renforcer les mesures initiées sous Valérie Plante.

Un mois est passé depuis le lancement des élections municipales au Québec.

Dans ma dernière chronique, j’ai présenté différents enjeux d’importance en habitation dans deux municipalités de taille moyenne, Saint-Jérôme et Lévis.

Aujourd’hui, dans ce dernier sprint de la campagne, on parle de la métropole, Montréal.

Développer une métropole

Faire le bilan des deux mandats de Projet Montréal est impossible sans revenir au contexte plus large du développement de Montréal depuis l’époque de Gérald Tremblay.

Ça peut paraître loin, mais quand on parle de construction immobilière, de développement de nouveaux quartiers et de gestion d’une métropole, c’est au niveau des décennies qu’il faut s’élever. Les directions politiques choisies ont plus souvent qu’autrement des répercussions plusieurs années plus tard – lorsqu’une nouvelle administration est en poste.

L’héritage de Gérald Tremblay n’est pas loin de nous. Le modus operandi à l’époque, puis encore sous l’administration de Denis Coderre, c’était d’ouvrir les vannes aux promoteurs immobiliers. Les exigences de la Ville quant au respect des normes d’urbanisme ou à l’inclusion de logements sociaux étaient au strict minimum.

Ouvrir les portes aux promoteurs privés, c’est bien l’engagement principal en habitation d’Ensemble Montréal, l’ancien parti du maire Coderre.

C’est au cours de ces années que Montréal a connu son plus grand boom de condoïsation et son plus bas taux de nouvelles constructions locatives.

Et aujourd’hui, ouvrir les portes aux promoteurs privés, c’est bien l’engagement principal en habitation d’Ensemble Montréal, l’ancien parti du maire Coderre. Soraya Martinez Ferrada n’est pas bien différente d’il y a 20 ans, lorsqu’elle a été élue pour la première fois comme conseillère municipale sous la bannière de l’Union Montréal de Gérald Tremblay.

En promettant d’abolir le Règlement pour une métropole mixte, qui vise la construction de logements sociaux, abordables et familiaux, elle fait reculer Montréal de plusieurs années et nous ramène aux années Tremblay-Coderre.

Défendre la classe locataire, affronter la classe des seigneurs

Depuis le début de mes chroniques chez Pivot, je parle davantage de développement immobilier que des droits des locataires au sens strict.

Sans négliger toute l’importance de protéger les droits des locataires – et de les bonifier avec un véritable contrôle des loyers qui est plus que nécessaire pour rétablir un peu l’équilibre des pouvoirs face aux sangsues que notre système économique a créées – je considère que c’est d’abord ce qu’on construit aujourd’hui qui déterminera les rapports de pouvoir de demain.

Si on continue de laisser le privé construire la très forte majorité des bâtiments résidentiels qui abriteront nos enfants, nos parents, nos aîné·es et nos familles de demain, nous ne sortirons jamais du cirque des aléas économiques qui rendent les locataires toujours plus pauvres.

Dans les dernières années, le privé a fait des ravages à Montréal. Le rapport du collectif Profit Montréal, qui dresse un bilan critique des années de Valérie Plante, en a fait état.

C’est d’abord ce qu’on construit aujourd’hui qui déterminera les rapports de pouvoir de demain.

Alors que la crise des loyers s’installait déjà confortablement dès 2017, durant les années 2020-2021, on a vu s’exacerber des problèmes qui frappaient déjà les plus vulnérables. Les évictions se sont multipliées et la spéculation immobilière a frappé les résidences privées pour ainé·es (RPA) et les maisons de chambre dans tous les quartiers de Montréal.

Aujourd’hui encore, chaque mois, des dizaines, voire des centaines de personnes se retrouvent à la rue. Les plus chanceuses ont dû changer de quartier, trouver un nouveau logement – souvent trop petit pour leurs besoins et trop cher pour leur budget – et se tisser un nouveau réseau. Les autres ont été contraintes à partir, dans certains cas en quittant la ville, sinon en trouvant refuge dans certaines ressources communautaires trop rares ou dans des campements en bordure de route.

Est-ce que Projet Montréal et l’administration Plante ont été à la hauteur de la situation? Bien sûr que non.

Est-ce que ses politiques en habitation ont donné, vu l’urgence du problème, des résultats? Trop peu.

Néanmoins, les solutions que cette administration a développées dans les dernières années de son mandat allaient dans le bon sens et il ne faudrait surtout pas les abandonner pour l’unique raison que les résultats ne sont pas encore là.

Il est temps que la Ville de Montréal prenne les rênes de l’habitation. Le Règlement pour une métropole mixte doit être amélioré : les promoteurs immobiliers doivent être davantage contraints à inclure du logement social, ou ils continueront de payer de trop maigres compensations pour développer des logements privés qui nous privent de logement.

Le projet de certification « propriétaire responsable » – un tel concept peut-il réellement exister dans le marché spéculatif privé? – doit être repris par la prochaine administration. Rappelons que cette mesure d’abord proposée par l’administration Plante en 2022 devait forcer les propriétaires d’immeubles locatifs à mieux entretenir les logements et à divulguer les loyers chargés.

Bref, cette prochaine administration doit affronter le problème du marché locatif privé et défendre les locataires, coûte que coûte.

Correction : Un passage portant sur le développement immobilier sur le site de l’ancien Hôpital pour enfants de Montréal contenait des imprécisions et a été retiré. (30-10-2025)

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