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Course au co-porte-parolat de Québec solidaire : Étienne Grandmont, candidat du communautaire

Le député qui a fait sa carrière dans les milieux communautaires veut se saisir du rôle de co-porte-parole pour renforcer l’union entre son parti et les mouvements sociaux.
Étienne Grandmont (au centre), Yv Bonnier-Viger (à gauche), Sol Zanetti (à droite), les trois candidats au poste de co-porte-parole de Québec solidaire. Photos: Francis Hébert-Bernier. Montage: Pivot

Lors de son prochain congrès qui se tiendra du 7 au 9 novembre, Québec solidaire élira un nouveau co-porte-parole masculin pour faire entendre la voix du parti dans le dernier droit avant les élections québécoises l’an prochain. Pivot s’est entretenu avec les trois candidats en lice pour mieux comprendre leur vision de la gauche et de leur parti ainsi que leurs motivations politiques. Dans ce texte, Étienne Grandmont et son désir de se rapprocher du milieu communautaire.

Étienne Grandmont a hésité longtemps avant de se lancer dans la course pour devenir co-porte-parole de Québec solidaire (QS). « On m’a demandé de le faire. J’ai refusé quatre fois avant d’accepter, parce que c’est un gros investissement de temps. Mais après une longue réflexion avec ma blonde, mes filles, mes proches, je me suis dit : je vais le faire pour mon parti, je vais le faire du mieux que je peux », explique-t-il.

« Quand je me lance dans quelque chose, je le fais à fond et toujours dans l’idée d’unir Québec solidaire et d’unir les mouvements sociaux, écolos, féministes, anti-racistes, inclusifs, autour d’un projet de société. Et si je peux aider à ça pour les prochaines années, ça fera mon plus grand bonheur et j’espère être utile », poursuit-il.

« J’ai envie d’envoyer le message à tout·es les membres et à tout·es les sympathisant·es de Québec solidaire que cette responsabilité de créer du lien avec les mouvements sociaux n’appartient pas seulement aux douze député·es à l’Assemblée nationale », annonce-t-il.

« Je crois qu’on le fait bien, déjà, aller sur le terrain, rencontrer des organismes, travailler avec eux jusque dans l’étude détaillée d’un projet de loi. Quand je suis avec un ministre dans l’étude détaillée d’un projet de loi, au bout du fil, j’ai des personnes d’un groupe ou d’un autre qui me proposent des choses et on essaie de faire avancer des projets de loi – ou d’éviter des reculs, avec la CAQ, c’est souvent plus la posture qu’on a. »

« Mais il y a une responsabilité de chacune des personnes qui se disent solidaires d’investir ses réseaux sociaux, et son réseau social, d’investir son lieu de travail, son syndicat et de pousser une vision d’un Québec pays, solidaire, féministe, vert. »

« Il faut se préparer à faire du mieux qu’on peut en 2026 avec l’élection, mais après aussi. »

COURSE AU CO-PORTE-PAROLAT DE QUÉBEC SOLIDAIRE

Lisez nos entrevues avec les autres candidats :

Faire de la politique, du communautaire vers le parlement

Formé en géologie et en environnement, Étienne Grandmont a débuté sa carrière dans le domaine, mais n’y trouvait pas son compte. « Je n’avais pas l’impression qu’on allait changer le monde et vraiment améliorer l’environnement. C’est nécessaire de nettoyer les dégâts qu’on fait, mais est-ce que ça répond vraiment à l’urgence d’éviter de polluer l’environnement et de mieux le protéger? » s’est-il demandé à l’époque.

Il a ensuite fait le saut dans le milieu communautaire de la ville de Québec, où il a passé l’essentiel de sa carrière. Il y a fait ses premières armes au sein d’un organisme de défense collective des droits des locataires, où il a travaillé sur la lutte à la pauvreté et la promotion du logement social.

Il deviendra directeur général d’Accès transports viables, un poste qu’il occupera pendant une dizaine d’années tout en contribuant à la fondation de nombreux autres regroupements et organisations engagés dans la mobilité durable dans la région de la capitale, dont Piétons Québec, le groupe J’ai ma passe et la coalition Non au troisième lien.

« La définition de tâche du co-porte-parole est dans le titre, c’est-à-dire que tu es un porte-parole. »

Étienne Grandmont

« À un moment donné, quand tu es plus exposé dans le milieu médiatique parce que le transport est beaucoup plus couvert que la lutte à la pauvreté et au logement, il y a des gens qui m’ont approché et qui m’ont proposé de me lancer en politique », se rappelle-t-il. 

Ce qu’il fera en saisissant l’occasion de se porter candidat pour Québec solidaire dans la circonscription de Taschereau suivant le départ de Catherine Dorion. Il y sera élu à l’élection générale de 2022 et il agit actuellement comme porte-parole solidaire en matière de développement économique régional, de solidarité sociale et d’action communautaire, de transport et de mobilité durable et de responsable pour la région de Lanaudière.

« Aujourd’hui, je suis content de dire que je fais de la politique de la même façon que je le faisais dans les organismes de défense collective des droits : en mobilisant les gens autour des enjeux », explique-t-il.

« Et la suite de tout ça, c’est le co-porte-parolat », croit-il.

Respecter l’horizontalité du parti

Le député de Taschereau se dit particulièrement fier de s’être joint à une organisation politique « réellement démocratique » et « très horizontale », une force qui permet à QS d’avancer malgré les divergences d’opinions parfois fortes entre certain·es des membres de la coalition solidaire.

« Évidemment, des partis où il y a beaucoup de discussions, parfois il peut y avoir des discussions plus difficiles à faire, mais je pense qu’il ne faut surtout pas oublier que si on veut construire un Québec différent, un Québec de gauche, un pays qui est solidaire, qui est féministe qui est écolo, qui inclut tout le monde, c’est avec tout le monde qu’on va le faire », remarque-t-il.

« C’est en incluant tout le monde dans la conversation qu’on va arriver à faire ça. »

Concrètement, Étienne Grandmont compte puiser dans son expérience du milieu communautaire pour arriver à remplir le rôle de porte-parole dans ce contexte.

« J’ai toujours travaillé avec une assemblée générale et un conseil d’administration et un exécutif qui nous donnait les orientations, et on s’orientait avec ça pour prendre les décisions au jour le jour. S’il y avait des questions plus épineuses, on revenait voir les membres. Si on avait des questions importantes qui remettent en question les positions qu’on avait, on revenait voir les membres et on avait toujours un jeu d’inter-influence. C’est comme ça que je veux être co-porte-parole », explique-t-il.

« Je pense que la première des choses, c’est que la définition de tâche du co-porte-parole est dans le titre, c’est-à-dire que tu es un porte-parole. Ce qui ne veut pas dire que tu n’as pas d’influence dans le travail qui est fait », concède-t-il.

Il dit aussi vouloir s’inspirer du modèle incarné par Manon Massé dans les dernières années.

« Moi, je ne pense pas que le recentrage, c’est une bonne idée. Je pense que considérant la crise du logement, la crise climatique et la crise d’itinérance, si on commence à jouer dans le discours de droite, on vient complètement oublier les vraies solutions »

Étienne Grandmont

« Elle m’a toujours très impressionné dans sa façon de travailler. Elle a toujours été très intègre dans ses positions, dans ses valeurs, tout en étant la réelle porte-parole des décisions qui sont prises par le plancher. »

« Elle se rallie. Elle n’a pas gagné tous ses votes dans sa vie, mais après ça, elle portait les positions de son parti avec beaucoup d’aplomb, en étant clairement à gauche, et elle n’oublie jamais que le mouvement va se construire en additionnant plutôt qu’en divisant », remarque-t-il.

Promouvoir le message de QS…

Pour la prochaine année, Étienne Grandmont espère pouvoir se consacrer à la mobilisation des membres tout en épaulant sa co-porte-parole, Ruba Ghazal, dans le travail de préparation pour la campagne électorale.

« J’ai envie d’aider Ruba le plus possible à être bien positionnée, bien prête pour être à son top en termes de notoriété, d’assurance et tout ce que ça prend pour être capable de participer au prochain débat des chef·fes. J’ai envie qu’elle soit prête, j’ai envie qu’elle puisse se concentrer là-dessus, alors que moi, j’ai envie de travailler à faire les liens avec les mouvements sociaux et recruter des candidatures d’exception pour nous représenter à la prochaine élection. »

« L’enjeu de la prochaine campagne, c’est à nous de le définir. Si ce n’est que du PQ et de la CAQ, ce sera l’immigration, la laïcité, la prière de rue, les pronoms… Ça, ça ne m’intéresse pas! »

Étienne Grandmont

« J’ai envie d’unir, de travailler à mobiliser notre base de militant·es, de sympathisant·es. Au fond, c’est du développement organisationnel. J’en ai fait beaucoup dans les organismes où j’ai travaillé. Ça de l’air un peu beige dit comme ça, mais on a besoin de ça pour se préparer », remarque-t-il

Pour le candidat, un des principaux enjeux qui guettent Québec solidaire pour la prochaine année et la prochaine campagne est de trouver une façon de s’assurer que son message et les thématiques qui lui sont chères soient à l’avant-scène durant la joute électorale.

« L’enjeu de la prochaine campagne, c’est à nous de le définir. Si ce n’est que du PQ et de la CAQ, ce sera l’immigration, la laïcité, la prière de rue, les pronoms… Ça, ça ne m’intéresse pas! » s’inquiète-t-il.

« J’ai envie qu’on parle d’environnement, de défense des minorités, de ce qui touche les gens quotidiennement, du fait qu’ils se sentent accotés, les cartes de crédit loadées. Mais si on veut que ça fasse partie du discours et que ça devienne la question de l’urne, il n’en tient qu’à nous de se mobiliser et de faire en sorte que ce le soit ».

… et démasquer celui du PQ

« L’autre chose qu’on va devoir faire, c’est défaire certains mythes » pour montrer ce qui distingue QS du Parti québécois (PQ), croit Étienne Grandmont.

« On l’a vu dans [l’élection partielle d’] Arthabaska […], on le voyait en faisant du porte à porte, on nous disait : “oui, mais vous ressemblez tellement au PQ, dans le fond, vous êtes proches, presque des jumeaux”. Bien je leur dirais : avez-vous remarqué ce que le PQ est devenu? Avez-vous vraiment regardé? » demande-t-il.

« Actuellement, ce qui est acceptable et discuté dans l’espace public, ce sont des propositions de droite. On a deux choix, à Québec solidaire. Soit on se rapproche de ces points de discussion, en se recentrant, au fond. Soit on reste de notre côté, bien à gauche, et on se concentre sur ce qu’on fait déjà bien, auprès des mouvements sociaux. »

« Moi, je ne pense pas que le recentrage, c’est une bonne idée. Je pense que considérant la crise du logement, la crise climatique et la crise d’itinérance, si on commence à jouer dans le discours de droite, on vient complètement oublier les vraies solutions », insiste-t-il.

Un travail qui devra être fait en déployant les efforts des équipes de Québec solidaire dans toute la province, pour tenter de rejoindre le plus grand nombre, défend le député.

« Aujourd’hui, je suis content de dire que je fais de la politique de la même façon que je le faisais dans les organismes de défense collective des droits : en mobilisant les gens autour des enjeux. »

Étienne Grandmont

« Des progressistes, au Québec, il y en a partout. On le voit, il y a des initiatives partout dans des petites villes, dans des villages, dans des banlieues, qui se rapprochent vraiment de la vision de Québec solidaire. On ne doit pas choisir : ce qu’il faut, c’est trouver la bonne façon de parler aux gens », souligne-t-il.

Cet effort ne doit pas se limiter au prochain cycle électoral, selon lui, mais qui doit reposer sur des liens forts entre le parti et la communauté qui dureront dans le temps

« Le parti politique Québec solidaire est un véhicule politique. Il faut qu’il se rende jusqu’en 2026 avec la meilleure mécanique possible pour être le plus performant possible, mais il faut que ça dure, parce que nous autres, on est juste des passagers là-dedans. Il faut que cette machine continue d’exister plus que 20 ans, 30 ans ou 40 ans », conclut Étienne Grandmont.

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