Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées au centre-ville de Montréal dans le cadre d’une série de contre-manifestations en réponse à des événements anti-trans à travers le Canada.
Mercredi matin à 8 h, aux portes Roddick dans le centre-ville de Montréal, près de 400 personnes ont répondu présentes afin de défendre les droits des enfants trans.
L’événement faisait partie d’une série de dizaines de contre-manifestations organisées ce jour-là partout au pays afin de tenir tête à des mobilisations anti-trans orchestrées par le mouvement 1 Million March 4 Children.
Cette initiative réunissant des groupes religieux, conspirationnistes, conservateurs et d’extrême droite milite contre « l’idéologie de genre » qui serait déployée dans les écoles canadiennes. Même si les organisateurs ne se disent pas opposés aux droits LGBTQ+, défendant supposément le « droit parental » contre l’« endoctrinement » et la « sexualisation » des enfants, plusieurs sont connus pour leurs prises de position ouvertement homophobes et haineuses par le passé.
Vers 9 h, à Montréal, une cinquantaine de manifestant·es anti-trans se tenaient sur le coin de l’avenue McGill College, devant les bureaux du premier ministre François Legault. Mais à partir de 10 h, leurs rangs ont augmenté considérablement et se comptaient par centaines en fin de matinée. On y voyait notamment des parents et de jeunes enfants.

« Veillons à ce que les prochaines générations ne vivent jamais de haine au cours de leurs vies », a déclaré à la foule la jeune militante trans et la principale organisatrice de la contre-manifestation, Celeste Trianon. « Veillons à ce que l’épanouissement ne soit pas seulement un privilège, mais un droit fondamental. »
Après d’autres allocutions touchantes, le cortège a traversé l’intersection pour aller à la rencontre de ceux et celles qui brandissaient des signes comme « les parents savent mieux », « mon enfant m’appartient », ou encore « dites non à l’éducation sexuelle irresponsable ».
Devant un mur de policiers, les contre-manifestant·es ont clamé des slogans comme « nous sommes queers, nous sommes ici, nous ne nous en allons nulle part » et « tout le monde déteste les fascistes ».



Plusieurs manifestant·es anti-trans se sont très vite dirigé·es hors des lignes de contrôle policier afin de confronter les contre-manifestant·es et les forcer à se replier vers les portes Roddick ou carrément à partir.
Les enfants, champ de bataille
« Enfant, j’étais coincée dans cette boucle où je ne comprenais pas qui j’étais, où je pensais que je n’étais pas légitime », explique Nola Baggio, une jeune manifestante et femme trans.
« C’est pour ça que c’est important d’être ici. […] C’est important que la jeunesse trans sache qu’on est là. Et c’est important que les écoles soient là pour les éduquer, qu’elles ne les ignorent pas et ne les poussent pas vers le chemin de la haine de soi. »

« Leur argument principal, c’est qu’ils défendent les enfants. Mais il y a plusieurs enfants dans leur manifestation en ce moment et aujourd’hui on est un mercredi : ces enfants sont censés être à l’école! » signale une jeune contre-manifestante.
« C’est tellement triste de voir autant de haine, parce qu’on ne demande à personne d’être quoi que ce soit qu’ils ne veulent pas être », a raconté un contre-manifestant qui tentait de raisonner une manifestante présente avec ses trois enfants en bas âge. « On demande juste à ce que les gens soient gentils envers eux-mêmes et avec les autres, de laisser les gens être qui ils et elles sont, sans haine ni violence. »
« Nous allons exister, que les gens le veuillent ou non. »



