Les conservateurs restreignent l’accès des médias à leur congrès

Le Parti conservateur du Canada bloque l’accès à son congrès à des journalistes connu·es pour leur point de vue critique de ses positions.

Plusieurs médias et journalistes ne pourront pas assister au congrès du Parti conservateur du Canada, même s’ils en ont fait officiellement la demande. Un refus qui contraste avec le discours du parti sur la liberté d’expression, dénoncent les médias touchés.

Le Parti conservateur du Canada (PCC) refuse d’accréditer plusieurs journalistes qui souhaitent couvrir son congrès qui s’ouvre ce jeudi à Québec.

Si certain·es journalistes et médias indépendants tels que Pivot et The Maple étaient toujours sans réponse à leur demande au moment d’écrire ces lignes, le média alternatif The Breach s’est quant à lui carrément fait refuser l’accès sans aucune explication.

« Ils fournissent une preuve de plus que leur discours sur la liberté d’expression relève de la manipulation et du mensonge. »

Dru Oja Jay, éditeur de The Breach

En plus de ces médias qui s’affichent ouvertement comme progressistes, la commentatrice politique Tasha Kheiriddin nous a confirmé par courriel qu’elle s’est également vu refuser une accréditation alors qu’elle comptait couvrir l’évènement pour le National Post. Lors de la dernière course à la chefferie du PCC, Mme Kheiriddin avait activement supporté une campagne perdante, celle de Jean Charest, contre celle du chef victorieux Pierre Poilievre.

Des représailles pour une couverture critique?

L’éditeur de The Breach, Dru Oja Jay, reste surpris par le refus qu’a essuyé son média, rappelant que l’accessibilité à ce type d’événement va normalement de soi dans une société démocratique.

Refus du PCC à la demande d’accréditation média de The Breach. Capture d’écran: The Breach

Selon lui, la fin de non-recevoir opposée à The Breach par le PCC serait une sorte de petite vengeance des conservateurs en réaction à un reportage vidéo devenu viral qui dénonce les prétentions populistes des conservateurs et de leur chef.

« Ils cherchent à éviter les médias qui font la recherche nécessaire pour exposer leurs contradictions et ironiquement, en nous bannissant, ils fournissent une preuve de plus que leur discours sur la liberté d’expression relève de la manipulation et du mensonge. »

Pour sa part, Alex Ross, responsable de la rédaction chez Pivot, estime qu’en limitant la présence de certains médias plus critiques à son congrès, le Parti conservateur peut limiter l’exposition des propos tenus par ses factions les plus radicales lors des débats. « Le PCC doit débattre de résolutions pour le moins controversées, comme celle contre les soins d’affirmation de genre pour les mineurs trans. Peu importe l’issue, il risque de se dire des choses de toutes les couleurs, pour ne pas dire haineuses », souligne Alex Ross.

Des politicien·nes de plus en plus hostiles aux médias

L’attitude du PCC n’étonne toutefois pas l’éditeur de The Maple, Alex Cosh, qui rappelle que l’ensemble des partis sont de plus en plus récalcitrants lorsque vient le temps de s’ouvrir aux médias, autant sur les scènes provinciales qu’au fédéral.

Il cite en exemple le Nouveau Parti démocratique de la Colombie-Britannique qui, lors de sa dernière campagne à la chefferie, se serait montré hostile dans ses réponses et généralement réticent aux demandes d’entrevues.

« La culture politique en ce moment valorise beaucoup la protection des intérêts des partis aux dépens du sens du devoir civique, et malheureusement, ce n’est pas quelque chose qui est exclusif aux partis conservateurs », souligne M. Cosh.

Le Parti conservateur du Canada n’avait pas répondu à nos demandes d’entrevue au moment de publier.

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