
La fin des stationnements n’est pas pour demain
« Le meilleur stationnement, c’est celui qui n’existe pas. »
L’île de Montréal compte près de 500 grands stationnements extérieurs de 100 cases et plus. Ilots de chaleur, incitation à la voiture solo, pollution visuelle et manque de sécurité des piéton·nes sont certains des problèmes liés à ces espaces. Lors du Sommet Climat tenu cette semaine dans la métropole, un atelier était dédié à l’avenir de ces aires de stationnement : la route sera encore longue avant de les voir disparaître du paysage.
C’est dans le cadre de la deuxième édition du Sommet Climat Montréal au Grand Quai du Vieux-Port que s’est tenu l’atelier participatif sur la transformation des grandes aires de stationnement. L’activité affichait complet et ce sont près d’une quarantaine de personnes provenant d’OBNL en mobilité durable, aménagement et verdissement, de municipalités, d’institutions comme des universités, ainsi que d’entreprises privées qui se sont penché·es sur les solutions afin d’améliorer ces espaces.
Une médiation nécessaire
« Le meilleur stationnement, c’est celui qui n’existe pas », avoue Romain Coste, coordonnateur mobilité et urbanisme au Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE). Il était un des trois intervenants aux côtés de Charles Bennett, vice-président opérations à la firme d’urbanisme Fahey et Associés, et Jean-Marc Fournier, président-directeur général de l’Institut de développement urbain (IDU).
« Dans le monde actuel, il y a des stationnements, il faut faire avec. Mais il faut aussi accompagner les usagers, les municipalités et surtout les propriétaires vers un changement de vision », explique Romain Coste, qui accompagne et forme des professionnel·les sur ces enjeux.
Dans son intervention au Sommet Climat, on apprenait qu’à Montréal, le stationnement extérieur est à 50 % commercial, c’est-à-dire lié aux entreprises, centres d’achat ou épiceries. Un autre quart est du stationnement institutionnel, comme pour les cégeps ou les hôpitaux, et le 25 % restant est industriel, lié aux entrepôts, usines ou laboratoires qu’on trouve souvent sur les grands axes.
Pour accompagner et sensibiliser les propriétaires de stationnement, le CRE a créé une plateforme qui permet d’obtenir une attestation de stationnement écoresponsable. L’attestation est attribuée selon une liste de critères, comme l’accessibilité en transports en commun, la présence de stations de chargement pour les véhicules électriques ou encore une meilleure gestion des eaux pluviales.
« L’idée est d’amener la réflexion et d’ouvrir le dialogue. Il y a encore beaucoup de travail à faire, on doit y aller progressivement et faire évoluer les pratiques », avance M. Coste.
Mais lorsqu’on regarde la liste des stationnements attestés, ils ne sont pas plus de dix à travers le Québec. Et à ce jour, il n’y a pas d’objectif fixé pour en attester de nouveaux.
Une réglementation indispensable?
« Même si on a préféré commencer par un volet sur la base du volontariat avec les attestations, réglementer sera incontournable », admet Roman Coste. « L’attestation est plutôt une carotte, tandis que la réglementation est plutôt un bâton », raconte en souriant l’expert.
« Qu’on soit à Montréal ou en Gaspésie, un ilot de chaleur reste un ilot de chaleur. Verdir un stationnement pour diminuer cet effet pourrait être une norme applicable à tout le monde », ajoute-t-il.
« Réglementer sera incontournable. »
Romain Coste
En attendant, à défaut de réglementation, le CRE applique la démarche « réduire, transférer, améliorer (RTA) ». D’abord, il faut analyser la situation et reconsidérer à la baisse le nombre de places de stationnement. Ensuite, il faut proposer des solutions alternatives, comme le transport collectif ou le vélo. Enfin, on peut améliorer le stationnement final, en limitant les surfaces asphaltées ou en assurant un accès sécuritaire pour les piéton·nes, ce qui n’est souvent pas le cas.
Mais tout cela prend du temps et doit passer pas une mobilisation conjointe des usager·ères, des autorités et du secteur privé.