Samedi après-midi, au cégep Marie-Victorin se déroulait le Forum jeunesse des communautés noires de l’Est de Montréal. C’était l’occasion pour les jeunes et les moins jeunes de se réunir et d’échanger sur des enjeux tenaces liés au racisme qui continuent d’affecter leurs communautés.
Une trentaine d’adolescent·es et de jeunes adultes étaient réuni·es dans une petite salle du cégep Marie-Victorin samedi après-midi pour assister au Forum jeunesse des communautés noires de l’Est. Au menu : plusieurs panels composés d’expert·es, d’intervenant·es et de jeunes qui ont beaucoup à partager.
L’ambiance est propice à un échange dynamique : on rit, on s’interroge, on réfléchit. Le ton demeure léger en dépit de la gravité des enjeux qui y sont abordés. On parle franchement de racisme, de profilage, d’inégalités sociales, de micro-agressions, de stéréotypes, de sensibilisation, de changement social.
« La lutte contre le racisme, c’est très difficile à faire. On est dans des systèmes qui étouffent toute initiative qui remettrait en question le statu quo, et les adultes le sentent bien. »
Pierreson Vaval, Équipe RDP
« À quand remonte le racisme anti-noir? », demande à l’auditoire l’animateur Riguerre Antoine, entre deux présentations. Immédiatement les réponses fusent de toutes parts. « Ça date de Christophe Colomb! » « De la Grèce antique! » « Non, de l’ancienne Égypte… »
Mine de rien, il se fait ici un enseignement qui manque gravement au système d’éducation du Québec. « Les jeunes issus des milieux racisés, des communautés noires, ils ne trouvent pas facilement des espaces pour parler ouvertement d’enjeux qui sont liés à leurs identités », explique Pierreson Vaval, directeur d’Équipe RDP, l’un des organismes derrière l’événement.
« La lutte contre le racisme, c’est très difficile à faire. On est dans des systèmes qui étouffent toute initiative qui remettrait en question le statu quo, et les adultes le sentent bien », explique-t-il.
Il précise que peu de parents disposent du temps et des ressources nécessaires pour défendre leurs enfants lorsqu’ils rapportent avoir vécu du racisme à l’école, par exemple. Et c’est d’autant plus décourageant lorsqu’il semble d’avance peine perdue d’essayer de tenir tête au racisme systémique.
« Les jeunes se retrouvent souvent dans des situations où ils supportent, ils se résignent à accepter la façon dont ils sont traités » parce qu’ils sont noirs.
C’est donc pour ouvrir le dialogue et fournir du soutien que les organisateur·trices ont décidé de faire le pont entre les jeunes et les intervenant·es issu·es de leurs communautés, qui peuvent offrir des conseils, des savoirs, ou simplement une oreille empathique.
D’autres éditions du Forum jeunesse auront lieu dans différents arrondissements de la ville, dans l’Ouest, le Sud-Ouest et à Laval. Un forum régional regroupant tous ces quartiers est également prévu en mars prochain.