En conférence de presse mardi, la famille de Nicous Spring et l’Association canadienne des libertés civiles ont demandé la publication de toute preuve vidéo de l’intervention qui a mené à la mort du jeune homme, la veille de Noël à la prison de Bordeaux. Selon eux, il est « scandaleux et insensible » que ces preuves n’aient toujours pas été diffusées, plus d’un mois après les événements.
Lors d’une conférence de presse mardi matin, la famille de Nicous d’Andre Spring s’est exprimée publiquement pour la première fois depuis le décès du jeune homme.
Accompagnée de représentant·es de l’Association canadienne des libertés civiles (ACLC), la sœur de M. Spring, Sarafina Dennie, a demandé la publication immédiate des preuves vidéos de l’intervention brutale qui a mené à sa mort le 24 décembre dernier à la prison de Bordeaux.
« Même si ça semble traumatisant de voir ces vidéos, je pense qu’il est encore plus traumatisant d’avoir vu mon frère sur un lit d’hôpital, ou dans son cercueil. »
Sarafina Dennie, sœur de Nicous Spring
Le jeune homme de 21 ans y était détenu illégalement et aurait dû être libéré la veille de sa mort. Il aurait été forcé de porter un masque anti-crachat, puis poivré à plusieurs reprises.
Les agent·es impliqué·es n’auraient pas respecté les procédures nécessaires à l’utilisation du gaz poivre et auraient laissé le jeune homme sans surveillance dans une cellule où il aurait été plus tard retrouvé, sans signes de vie.
« Même si ça semble traumatisant de voir ces vidéos, je pense qu’il est encore plus traumatisant d’avoir vu mon frère sur un lit d’hôpital, ou dans son cercueil », a expliqué Sarafina Dennie, la sœur aînée de Nicous Spring. « Il n’y a pas de mot pour décrire ce que je ressens en ce moment. »
« Le bon moment pour diffuser la vidéo était il y a plusieurs semaines, lorsque la famille le demandait. L’option suivante est de le faire aujourd’hui », a souligné Me Noa Mendelsohn Aviv, directrice générale et avocate générale de l’ACLC.
« On sait que ces institutions-là, il y a des caméras. On sait que ces vidéos existent », a-t-elle ajouté.
En effet, les interventions physiques comme celle qui a mené à la mort de Nicous Spring doivent être filmées par les agent·es correctionnel·les. Le Protecteur du citoyen avait cependant rapporté que cette obligation n’est pas uniformément respectée dans les établissements de détention du Québec.
Mme Dennie affirme avoir demandé des réponses aux autorités depuis le décès de son frère. Celles-ci auraient pour le moment refusé de fournir davantage d’informations alors que des enquêtes internes de la Sûreté du Québec et du ministère de la Sécurité publique sont en cours.
« Le bon moment pour diffuser la vidéo était il y a plusieurs semaines, lorsque la famille le demandait. L’option suivante est de le faire aujourd’hui. »
Me Noa Mendelsohn Aviv, ACLC
« Puisque [la prison] c’est une institution fermée, il est d’autant plus important d’être transparent », a précisé Me Mendelsohn Aviv. « Le public a le droit de savoir. C’est la seule façon qu’on a pour faire la lumière sur ce qui se passe dans ces institutions fermées et […] de prévenir des décès comme celui-là. »
Selon l’ACLC, l’administration de la prison de Bordeaux aurait affirmé qu’une vidéo de l’intervention violente contre Nicous Spring serait « perturbante et pourrait être traumatisante, voire déshumanisante, si elle est diffusée et visionnée par n’importe qui. »
« Il est arrivé par le passé que les forces de l’ordre tentent de faire valoir qu’elles protégeaient la vie privée de la personne concernée », a prévenu Me Mendelsohn Aviv. « Dans ce cas-ci, M. Spring a perdu la vie […]. Sa famille parle désormais en son nom et elle a été très claire dans ses demandes. »