Alexis au dépanneur écoresponsable où elle travaille, à Montréal, le 22 décembre 2022. | Photo : Léa Beaulieu-Kratchanov
Reportage

Au travail, la veille de Noël

Durant le temps des fêtes, ce sont souvent les jeunes qui doivent prendre le relais au travail.

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Pour plusieurs, le temps des fêtes est un moment de repos qui permet de faire le plein d’énergie avant la nouvelle année. Mais pour beaucoup de jeunes, c’est aussi l’occasion d’accumuler davantage d’heures au travail, un choix doux-amer pour certains. 

Depuis novembre dernier, Alexis occupe deux emplois à temps partiel : l’un dans un restaurant et l’autre dans un dépanneur écoresponsable. Lorsque ses patron·nes lui ont proposé de gagner une fois et demie son salaire horaire habituel pour faire deux quarts de travail le 24 décembre, elle n’a pas pu refuser. 

« Ça va, je le vis bien, mais je sais que je ne vis pas les fêtes de la même façon que les autres, parce que je suis la seule dans mon entourage qui travaille », explique la jeune femme d’origine française. « Dès qu’on me dit, “ah viens faire Noël vendredi soir!”, vu que je travaille, je me dis “ouf, je vais voir si j’ai la force de vous rejoindre après”. Je suis pas du tout dans le même mindset que mes amis. »

« C’est la première fois que je fais pas Noël, pas en France, pas chez moi, pas avec ma famille, donc c’est pas grave, je le prends relax. » 

Le temps des fêtes représente pour plusieurs l’occasion de prendre congé, de se rassembler, de s’adonner à des loisirs et de reprendre des forces avant la nouvelle année. Selon des expert·es, cette période de répit aurait un impact positif sur la santé cognitive. 

Mais plusieurs jeunes comme Alexis devront faire des heures supplémentaires alors que le manque de personnel régulier se fait sentir dans plusieurs commerces. 

« Je trouve ça plate, on dirait que c’est le temps de l’année où tout le monde peut se recharger », explique Maylinda, une étudiante à la maîtrise qui travaillera à la billetterie de la Place des arts le 24 décembre. « Je le fais par nécessité, mais j’aurais aimé avoir plus de temps de congé. » 

N’ayant pas de journées de congé consécutives pendant les fêtes, Maylinda ne prévoit pas non plus de faire le voyage à Ottawa pour rendre visite à sa famille. 

« Je trouve ça plate, on dirait que c’est le temps de l’année où tout le monde peut se recharger »

Maylinda

« Ça ne me dérange pas vraiment », précise-t-elle en notant qu’elle prendra congé le 31 décembre. Elle prévoit célébrer le Jour de l’An et le Jour d’Indépendance d’Haïti avec ses proches qui demeurent à Montréal. 

« Je suis à moitié haïtienne et c’est plutôt le 1er janvier qui est culturellement plus important pour moi. » 

Pour la communauté haïtienne, c’est l’occasion de célébrer en famille et de déguster une Soup Joumou – un plat traditionnel composé de courges, de bœuf, de pommes de terre et de légumes. 

C’est également pour célébrer l’Indépendance d’Haïti qu’André préfère prendre congé le 31 décembre. L’étudiant de 20 ans travaille actuellement comme caissier dans un dépanneur Couche-Tard. 

« Je suis grand maintenant, je n’ai plus besoin de fêter le 24 ou le 25. De toute façon, on se rassemble toujours en famille le 31 et le 1er », raconte-t-il en expliquant qu’il préfère accumuler plus d’heures de travail pendant les congés scolaires. 

Shubham et Yash au restaurant Subway où ils travaillent depuis quelques mois à Montréal, le 22 décembre 2022. | Photo : Léa Beaulieu-Kratchanov

Pour Shubham et Yash, deux étudiants internationaux d’origine indienne, il n’est pas non plus question de prendre congé pendant les fêtes. 

« Avec l’inflation, tout est tellement cher », explique Shubham. Les deux jeunes hommes de 26 et 25 ans travaillent depuis quelques mois dans un restaurant Subway. Ils viennent tout juste de compléter leurs études en gestion et attendent des visas de travail qui leur permettraient d’obtenir un emploi dans leur domaine. 

« Pour l’instant, on est content de pouvoir travailler ici », explique-t-il. « Quand on est étudiant, on n’a pas vraiment le choix. »

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