Ali Tapsoba de Goamma, président de Terre à Vie, s'exprime lors d'un point de presse devant la bannière géante de l'Alliance CDB. | Photo: Léa Beaulieu-Kratchanov
Nouvelle

COP15 : « la biodiversité contre les milliardaires »

Un regroupement d’ONG a déployé une bannière pour dénoncer les fausses solutions des géants de la technologie.

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L’Alliance de la Convention sur la diversité biologique, un regroupement d’organisations civiles qui militent pour protéger la biodiversité, a déployé une bannière sur un immeuble du centre-ville de Montréal, à quelques pas de là où se déroule la Conférence de l’ONU sur la biodiversité (COP15). L’objectif : dénoncer les fausses solutions technologiques et financières présentées par des milliardaires qui sont complices dans la destruction de la diversité biologique.

Après Greenpeace, qui avait exhibé une banderole sur l’anneau géant de Montréal la semaine dernière, c’est au tour de l’Alliance de la Convention sur la diversité biologique (Alliance CDB) de faire des vagues à la COP15. Le groupe rassemble des organisations de la société civile qui suivent de près les COP depuis leurs débuts.

Sous l’œil surpris des policiers, des grimpeur·euses suspendu·es ont déroulé une bannière géante sur la façade d’un bâtiment avoisinant le Palais des congrès. C’est là que se réunissent les délégués internationaux de la COP15 depuis le 7 décembre dernier.

Au coin des rues Saint-Urbain et Saint-Antoine, on pouvait lire sur la bannière : « biodiversité contre milliardaires ».

Des grimpeur·euses activistes installent une bannière géante sur la façade d’un bâtiment avoisinant le Palais des congrès à Montréal. | Photo: Léa Beaulieu-Kratchanov

L’action avait pour objectif de dénoncer les fausses solutions technologiques à l’effondrement des espèces vivantes, souvent mises de l’avant par des milliardaires comme Bill Gates ou Jeff Bezos, dont les empreintes écologiques font des ravages.

Ces initiatives posent la technologie comme solution miracle, mais sont surtout un autre moyen pour les milliardaires de la technologie de défendre leurs intérêts et de contrôler le débat politique sur la biodiversité, selon les activistes réuni·es lors de l’événement.

« Nous sommes particulièrement préoccupés par l’influence qu’ont les milliardaires sur le processus de négociation » à la COP15, explique Jim Thomas d’ETC Group, un organisme international de surveillance qui suit le comportement des géants de la technologie. « Ils ont des intérêts dans certaines solutions technologiques et financières et défendent leur vision du monde. »

Ces solutions intéressées vont souvent à l’encontre de la protection de la biodiversité et corrompent le processus de négociation, déplore Jim Thomas. « L’idée, c’est d’envoyer un message aux délégués et de dire : attention à ces individus qui influent sur les négociations d’une manière extrêmement préjudiciable aux populations locales et autochtones et aux écosystèmes », énonce-t-il.

Moustiques génétiquement modifiés

« Ils ont des intérêts dans certaines solutions technologiques et financières et défendent leur vision du monde. »

Jim Thomas

Ali Tapsoba de Goamma, président de Terre à Vie, une ONG basée au Burkina Faso, craint que ces « solutions » aient des impacts nocifs à long terme sur la biodiversité et les populations locales. Il dénonce notamment un projet de la Fondation Bill et Melinda Gates qui vise à introduire des moustiques génétiquement modifiés et stériles afin de réduire les cas de malaria au Burkina Faso notamment. Il s’inquiète que cela puisse causer une contamination des espèces non ciblées et que leur diminution en nombre ait des conséquences irréversibles pour la biodiversité.

« Nous n’avons pas besoin d’être des cobayes des expériences hasardeuses financées par Bill Gates », s’indigne-t-il. « Il n’y a même pas d’évaluation du risque indépendante par rapport à l’implémentation de ce genre de projet. »

Perdus dans l’espace

La mobilisation fait écho au discours du Secrétaire des Nations Unies, António Guterres, lors de la cérémonie d’ouverture de la conférence : « Oublions les rêveries de certains milliardaires. Il n’y a pas de planète B. »

La compagnie aérospatiale de Jeff Bezos, Blue Origin, qui vise à développer l’accès à l’espace, est particulièrement problématique, selon Jim Thomas. « Son rêve, comme il le dit, est de déplacer l’humanité hors de la terre, de sorte que la terre devienne un parc national que les humains pourront visiter de temps en temps, alors qu’ils vivront dans l’espace », explique Jim Thomas.

Jim Thomas d’ETC Group s’exprime lors d’un point de presse devant la bannière géante de l’Alliance CDB. | Photo: Léa Beaulieu-Kratchanov

L’organisation caritative fondée par le propriétaire d’Amazon, le Bezos Earth Fund, doit d’ailleurs annoncer des milliards $ aujourd’hui dans le cadre de l’engagement 30×30 des Nations Unies. Celui-ci vise à conserver 30 % des habitats terrestres et marins d’ici 2030.

« Si des individus comme Jeff Bezos veulent avoir un impact positif sur l’environnement, ils devraient d’abord payer leurs impôts, payer leurs employés justement et payer des réparations pour les dégâts causés par leurs activités commerciales. »

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