Photo: Rod Waddington (CC BY-SA 2.0)
Nouvelle

Comment faire pour réduire la circulation des armes à feu à Montréal?

Pour la Coalition Pozé, Montréal devrait s’inspirer d’une initiative de Chicago où des citoyens peuvent rendre des armes anonymement.

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Plus tôt en décembre, le Département de police de la ville de Chicago a invité les citoyen·nes à rendre les armes, contre un montant d’argent et sous le couvert de l’anonymat. C’est une expérience que la Coalition Pozé souhaiterait reproduire à Montréal. Selon le cofondateur du regroupement, Beverley Jacques, il s’agirait d’un bon premier pas vers la désescalade de la violence.

Chez nos voisins du sud, dans la ville de Chicago, la police métropolitaine invite le public à délaisser leurs armes anonymement en échange de certificats-cadeaux Visa d’une valeur de 100 $.

Il s’agit d’une nouvelle stratégie qu’a trouvée la Ville afin de contrer la violence armée, assez importante là-bas. À ce jour, on y dénombre plus de 2700 fusillades en 2022.

Lors d’un événement du genre qui se déroulait plus tôt ce mois-ci dans une petite église de la ville, plus de 100 armes ont ainsi été recueillies, puis détruites. Les participant·es n’ont pas été questionné·es sur leur identité ni sur la provenance de leurs armes.

C’est une initiative que Beverley Jacques, de la Coalition Pozé, aimerait voir reprise par les groupes communautaires à Montréal. La Coalition est un regroupement d’organismes qui travaillent auprès des jeunes dans le nord-est de l’île et qui souhaitent lutter contre la violence armée.

L’idée avait déjà été discutée au sein de la Coalition plus tôt cette année. Elle semblait ambitieuse, mais compliquée à réaliser de manière à garantir l’anonymat. Beverley Jacques doutait que la police montréalaise accepte une telle condition et l’idée n’était restée qu’un fantasme.

Mais l’exemple de Chicago est encourageant pour Beverley Jacques. « On sait que ça peut se faire, maintenant. » Il note que pour répéter l’expérience à Montréal, cela demanderait une volonté politique de la Ville et de la police à coopérer et à soutenir les organismes communautaires.

Offrir une alternative, et non punir

« C’est une question de donner des alternatives [à la violence] », explique le cofondateur de la Coalition Pozé. Il souligne que la répression et les pénalités, qui sont le plus souvent utilisées afin de contrer la violence, sont souvent inefficaces.

« Si les gens n’ont pas confiance, ça ne fonctionnera pas. »

Beverley Jacques

« Il faut que ça change, et jusqu’à maintenant il n’y a pas de changement », s’inquiète-t-il.

Pour qu’une telle initiative fonctionne, le respect de l’anonymat est impératif. « Il ne peut pas y avoir de système de surveillance. On donne et on reçoit les armes, that’s it! »

C’est pour ça que ce sont les organisations communautaires, qui sont proches de la population, qui devraient faire la récolte, et non pas la police, selon Beverley Jacques. « Si les gens n’ont pas confiance, ça ne fonctionnera pas. »

Une première étape

« La criminalité termine dans la rue, mais ce n’est pas là qu’elle commence », lâche M. Jacques en expliquant qu’il est difficile de stopper le trafic d’armes à feu à la source. « Il y a des choses que nous n’arrivons pas à contrôler, il y a des entrepreneurs de la guerre qui n’ont pas intérêt à arrêter ce qu’ils font. »

« Le jeune qui retourne une arme, il le fait parce qu’il veut éviter quelque chose de dramatique dans son quartier.Il veut du changement. »

Beverley Jacques

Selon lui, diminuer le nombre d’armes en circulation n’est qu’une première étape pour établir un climat de paix et de sécurité.

« À la fin de la journée, si le jeune se retrouve avec une arme en sa possession, c’est parce qu’il ne se sent pas en sécurité. » Il souligne que certain·es jeunes ont des traumatismes qui doivent être abordés pour remédier effectivement au problème de la violence.

Beverley Jacques demeure optimiste quant à la volonté de la communauté de changer les choses. « Le jeune qui retourne une arme, il le fait parce qu’il veut éviter quelque chose de dramatique dans son quartier.Il veut du changement. »

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