En dépit des résultats décevants de la COP27 sur le climat, les jeunes environnementalistes d’ici et d’ailleurs sont motivé·es et plein·es d’espoir pour défendre la biodiversité. Pour elles et eux, c’est l’opportunité de faire pression pour faire avancer les choses à l’international, mais également d’inspirer le changement local.
Plus de 300 jeunes des quatre coins du monde étaient attendu·es au Grand Quai du Vieux-Port lundi et mardi afin de participer au Sommet des jeunes de la Conférence de l’ONU sur la biodiversité (COP15). Ils et elles ont pu y participer à des ateliers, assister à des discours et des prestations musicales.
Organisé par le Global Youth Biodiversity Network (GYBN), l’évènement a pour but de préparer les jeunes à participer à la conférence officielle qui se tiendra à quelques coins de rues de là, du 7 au 19 décembre. Ils et elles prendront part aux discussions et assisteront aux négociations qui se dérouleront au Palais des congrès de Montréal.
Bien que les chefs d’État ne participent pas aux COP sur la biodiversité, Swetha Stotra Bhashyam, une jeune biologiste originaire de Hyderabad en Inde, garde espoir qu’il est encore temps de sauver des milliers d’espèces en danger.
« S’il n’y avait pas de crise, j’aurais bien aimé juste être biologiste »
Swetha Stotra Bhashyam
Selon elle, les jeunes n’ont pas le luxe du choix. « C’est une question de survie, on ne peut pas se permettre d’abandonner. »
La jeune femme de 31 ans cumule aujourd’hui plus de dix ans d’implication dans le GYBN. « S’il n’y avait pas de crise, j’aurais bien aimé juste être biologiste », s’exclame-t-elle en riant. Elle concentre sa recherche sur les macaques dans son pays natal, où elle s’est vite rendue à l’évidence que la déforestation et la perte d’habitat représentait un danger existentiel pour l’espèce.
« Si je veux vraiment prendre soin d’eux, ça veut dire que je dois faire quelque chose pour les protéger. » Et il n’est pas seulement question de protéger une partie de la forêt indienne. « Parce que tout est tellement interconnecté, nous devons tout protéger », insiste-t-elle, indiquant que les interventions ne peuvent pas se faire en silos.
Recentrer les voix autochtones
Les jeunes Kanien’kehá:ka de Kahnawake qui étaient présent·es partagent ce sentiment d’urgence.
« Notre voix n’est pas entendue », explique Trevor Tehonieien Diabo, un jeune de la communauté qui a donné une présentation en fin d’après-midi lundi. Le jeune homme a notamment parlé de son travail en tant que guide à Kahnawake, à travers lequel il partage l’histoire, la culture et les traditions de sa communauté – toutes intimement liées à la nature et la biodiversité.
« [Les politiciens] nous disent “c’est vous les jeunes qui avez le choix, c’est vous qui pouvez changer les choses”, alors que ce sont pourtant eux qui sont au pouvoir »
Trevor Tehonieien Diabo
Il mentionne que depuis quelques temps, la communauté met sur pied un projet visant à réintroduire des espèces de légumes traditionnels qui ont disparu avec la colonisation. L’objectif est de promouvoir la souveraineté alimentaire tout en assurant une agriculture durable.
« Ce qu’on défend, depuis longtemps, c’est qu’il faut changer les choses. Cela fait partie de notre enseignement ancestral, que nous devons respecter la terre, ne prendre que ce dont nous avons besoin. »
Trevor Tehonieien Diabo s’indigne de l’inaction des adultes au pouvoir, notamment la mairesse Valérie Plante et le ministre de la Jeunesse Mathieu Lacombe qui ont fait une apparition au Sommet en début de journée.
« Ils nous disent “c’est vous les jeunes qui avez le choix, c’est vous qui pouvez changer les choses”, alors que ce sont pourtant eux qui sont au pouvoir », dit-il en soulignant l’ironie de la chose. « Ils se passent la balle, et ils ne nous prennent pas au sérieux. »