Déstigmatiser l’usage du cannabis chez les jeunes LGBTQ+ : c’est le but de l’exposition qui ouvrira ses portes au public le 10 novembre prochain. On y trouve une quarantaine de photographies prises par les jeunes eux-mêmes dans le cadre d’un projet de recherche initié par le professeur en santé publique à l’Université de Montréal, Olivier Ferlatte.
« On sait que [les jeunes des minorités sexuelles] sont parmi les plus grands consommateurs de cannabis et que cette partie de la population, à cause de la stigmatisation et de la discrimination, fait déjà face à des défis importants en santé mentale », explique le chercheur.
Pour lui, il allait donc de soi que l’étude recentre la perspective des jeunes sur leurs propres expériences de consommation.
Ceux et celles-ci ont donc été amenés à réaliser des photographies qui illustrent leurs expériences personnelles en lien avec le cannabis. À travers cette expression artistique, les jeunes présentent des métaphores, des états d’esprit, des émotions ressenties, des effets négatifs et positifs, où s’allient les thèmes de la santé mentale, de l’identité sexuelle et de genre.
La consommation, une affaire complexe
« On a souvent l’impression que si les jeunes prennent de la drogue, c’est un choix qui n’est pas réfléchi », lance Olivier Ferlatte. Or, les résultats de ses recherches suggèrent le contraire. « Les jeunes dans notre étude connaissent très bien les risques associés au cannabis. »
Pour eux et elles, le cannabis est aussi un outil d’introspection qui permet « de réfléchir à des enjeux auxquels ils font face, de s’évader des normes de genre et de se questionner par rapport à leur identité », explique-t-il.
« Plusieurs jeunes dans notre étude prennent du cannabis pour améliorer des symptômes de santé mentale – et ce n’est pas qu’ils ne veulent pas chercher de l’aide auprès de services traditionnels », poursuit Olivier Ferlatte. Au contraire, les jeunes seraient parfois découragé·es par le manque d’accès aux services de santé mentale et à des services adaptés à la communauté.
Le point de vue des jeunes
Selon lui, les photos permettent donc d’articuler des expériences complexes pour lesquelles il peut être difficile de trouver les mots justes, notamment à cause du stigma associé à la consommation de la drogue.
« On espère que l’exposition devienne un lieu d’échange où les gens vont pouvoir partager leurs propres histoires avec ces enjeux-là, débattre, discuter de qu’est-ce qu’on pourrait faire pour mieux soutenir les jeunes LGBTQ+ », conclut le chercheur.
CANNAPIX : exposition par et pour les jeunes LGBTQ+ sur le cannabis et la santé mentale est gratuite et ouverte au public entre le 10 et 20 novembre, de 13 h à 18 h, à l’espace culturel la P’tite porte, 1122, boulevard de Maisonneuve Est.