Les jeunes protégé·es des Ateliers Speech et leurs mentors étaient tout sourires pour une soirée dynamique, mercredi soir au Ministère, salle de spectacle montréalaise. L’organisme communautaire qui accompagne les jeunes dans leur développement musical, mais surtout dans leur développement personnel, a accueilli une soixantaine de personnes lors d’un spectacle gratuit pour souligner sa campagne de financement annuelle.
C’est d’ailleurs mission accomplie puisque les dons recueillis ont dépassé la cible fixée de 25 000$.
Ce financement, il sert notamment à assurer le mentorat d’une centaine de jeunes dans des écoles à Montréal-Nord, Notre-Dame-de-Grâce et Côte-des-Neiges, qui auront accès à des activités parascolaires en groupes afin de travailler leurs compétences artistiques.
L’organisme s’adresse plus particulièrement aux élèves de classes d’adaptation – ce sont parfois des jeunes qui apprennent le français, qui vivent des difficultés d’apprentissages, ou bien des troubles personnels.
Présidée par Nicolas Ouellet, animateur radio et télé et nouveau porte-parole de l’organisation, la soirée était parsemée de prestations musicales d’artistes (dont DJ Champion!) et d’anciens participants. C’était à la fois intime, drôle, émouvant – à l’image de Speech.
La musique comme instrument d’apprentissage
Pour la fondatrice, Marianne Beaupré-Laperrière, la création de l’organisme était un peu accidentelle. Élevée au sein d’une famille de mélomanes, elle connaissait depuis longtemps le potentiel de la musique comme instrument de développement de soi. Mais c’est en réalisant des ateliers de musique auprès d’étudiant·es en adaptation scolaire à l’école secondaire Saint-Luc que le déclic s’est fait.
Pourquoi ne pas en refaire, avec plus de mentors pour rejoindre plus de jeunes, dans plus d’écoles?
La musique est dès lors devenue un prétexte afin d’aborder d’autres thèmes comme la confiance en soi et la santé mentale. Ce sont des enjeux pour lesquels les jeunes n’arrivent souvent pas à accéder à des services de soutien et de psychothérapie à travers les écoles, déjà débordées.
« Ça m’a aidé à m’exprimer, à créer, et même juste à apprendre et vouloir faire des choses. Ça m’a donné un élan pour me plonger dans des projets, et pas juste de la musique. On peut appliquer beaucoup de choses qu’on apprend à travers la musique et l’appliquer à la vie »
Edwin Sanchez, ancien participant des Ateliers Speech
Aux Ateliers Speech, c’est à travers le processus de création qu’on plonge dans ces enjeux : « Le matériel brut à partir duquel les jeunes créent, ce sont les émotions, donc nécessairement, ils doivent explorer leurs émotions, s’y confronter et les réguler. Finalement, l’écriture de paroles, ça amène à les articuler », explique Marianne Beaupré-Laperrière.
Et ça a un effet tangible.
Bedgyne, 17 ans, est la fierté de sa mentore, Mélissa Pacifico, avec qui elle est montée sur scène mercredi soir pour chanter avec brio une chanson de son cru. Trois ans après avoir complété les activités de Speech, elle continue d’écrire ses propres chansons. « Ça m’a permis de plus travailler mes émotions, ça m’a permis de mieux me connaître moi-même », a-t-elle expliqué en relatant son cheminement.
À l’âge de 13 ans, Edwin Sanchez faisait partie de la toute première cohorte à l’école secondaire Saint-Luc, qui avait inspiré Marianne Beaupré-Laperrière.
L’impact de son expérience est très clair pour Edwin. « Ça m’a aidé à m’exprimer, à créer, et même juste à apprendre et vouloir faire des choses. Ça m’a donné un élan pour me plonger dans des projets, et pas juste de la musique. On peut appliquer beaucoup de choses qu’on apprend à travers la musique et l’appliquer à la vie ».
Huit ans plus tard, Edwin continue de s’impliquer dans l’organisme et est fondateur d’une étiquette de musique.
Une vision ambitieuse
La campagne de financement des Ateliers Speech, qui doit se terminer le 20 novembre prochain, a comme objectif de financer le programme dans un plus grand nombre d’écoles, en priorisant les quartiers défavorisés où l’accès est plus limité.
« Éventuellement, le but, c’est une expansion partout à travers le Québec », explique le DJ Mahdi Saoula, aussi connu sous son nom de scène Dr. MaD. En plus d’avoir donné une prestation lors de l’événement, il a joué un rôle clé dans la production et l’enregistrement des premières cohortes des Ateliers Speech, dont il préside aujourd’hui le conseil d’administration.
L’idée est ambitieuse, mais plus que jamais possible, car l’organisme vient tout juste de s’associer avec une école trifluvienne. « En plus d’aider les jeunes qui sont en difficulté ponctuellement, on voudrait peut-être créer un système où on fait de la prévention par l’entremise d’un système d’éducation plus adapté aux besoins spécifiques » des élèves en adaptation scolaire », conclut-il.