La mauvaise foi de l’Église catholique
Après une visite papale à grand déploiement en juillet et des excuses plus ou moins senties et reçues avec incrédulité, voilà que se poursuit la plus que douloureuse saga judiciaire opposant l’Église catholique et les milliers de personnes que ses membres ont agressées, écrasées et tyrannisées dans les dernières décennies.
Dans l’épisode de cette semaine (faites jouer des airs de violons mélodramatiques), l’Église déclare ne pas avoir les moyens de payer les compensations financières demandées par les survivants et survivantes de ses crimes. Décidément, l’institution catholique n’a pas suffisamment honte pour se garder une petite gêne.
Lassante déception
En entrevue à TVA, un homme qui s’est lancé dans des procédures légales pour obtenir un dédommagement de l’Église baptiste affirme que « ce genre de réponse ne [le] surprend pas », qu’il est usuel que les institutions religieuses tentent de s’arroger le statut de victime lorsque vient le temps d’assumer les actions des membres qu’elles ont rigoureusement camouflées lorsque les agressions avaient lieu.
Avez-vous remarqué que, nous aussi, ça a arrêté de nous surprendre, les nouvelles mises au jour d’horreurs commises par l’Église? Tant en ce qui concerne les faits qui lui sont reprochés que sa manière toujours plus disgracieuse de se défendre, nous avons arrêté de sursauter lors de ses innombrables démonstrations de lâcheté. Car s’il est une chose qui n’étonne plus de l’Église, c’est bien sa capacité à s’enliser dans ses propres scandales.
Attention, je ne veux surtout pas parler ici de croyances. Tout le monde a droit à sa spiritualité, et je ne reprocherai jamais à qui que ce soit de croire en ce qui lui paraît vrai.
Non, ce qui me dérange, par rapport à l’Église avec un grand « E », c’est qu’elle ose une fois de plus se victimiser tandis qu’elle regorge de messieurs qui instrumentalisent la foi des autres pour s’enrichir et pour répandre la souffrance, et ce, depuis des siècles et des siècles, amen.
Les mêmes vieux tours de magie
Voulez-vous bien me dire comment ça se peut encore en 2022, une entreprise dont une effarante proportion des employés ont été accusés et reconnus coupables de multiples atrocités et crimes à caractère sexuel? Une entreprise ayant élaboré un système permettant à des employés dangereux de continuer à sévir? Une entreprise dont les représentants tiennent régulièrement des propos homophobes et transphobes, et où les femmes n’ont pas le droit d’accéder aux postes de pouvoir?
Une seule de ces actions suffirait pourtant à faire fermer les portes de la plupart des organisations laïques.
L’absence de la masse de fidèles attendue au défilé papal dans la ville de Québec m’a franchement soulagée et devrait faire l’effet d’une douche glacée au clergé. Le jupon dépasse : la teneur des excuses du souverain pontife n’a pas suffi à regagner une confiance brutalement meurtrie. Les Québécois et les Québécoises ont depuis longtemps appris à se méfier de ces bonimenteurs en soutanes.
La blancheur de leurs aubes ne suffit plus à leur conférer une aura de vertu et la vacuité de leur rhétorique a perdu de sa faculté à embobiner. Leurs ritournelles, prononcées avec le même sempiternel ton impérieux, leur confèrent l’air pathétique d’un prestidigitateur démodé qui tenterait continuellement de mystifier avec les mêmes vieux trucs.
Conflits de valeurs
La bienveillance, l’empathie et la charité, valeurs que l’Église catholique se targue de mettre de l’avant, semblent avoir depuis bien longtemps cédé leur place dans l’échelle de priorités des pitoyables intimidateurs qui sévissent en ses rangs.
Le profit financier doublé d’un goût prononcé pour le pouvoir paraissent les principaux moteurs de cette institution qui peine toujours et encore à comprendre comment admettre ses erreurs et poser des gestes réparateurs.
Craignant pour sa pérennité auprès de générations de plus en plus agnostiques et athées, l’Église s’accroche inexplicablement à des archaïsmes qui nient la complexité et la sensibilité de ses fidèles, refuse constamment le respect à celles et ceux qu’elle a tenu·es et tient encore à la gorge.
Au moment d’écrire ces lignes, plusieurs médias se sont mis à relayer des noms connus figurant sur la liste de 80 membres du clergé visés par des allégations d’agressions sexuelles.
Êtes-vous surpris·es?