
Protection du caribou : Action Boréale somme le ministre Dufour de cesser de répéter des faussetés
Action Boréale a envoyé une mise en demeure au ministre Pierre Dufour lui demandant de corriger les affirmations trompeuses concernant le plan de protection du caribou forestier de Val-d’Or proposé par l’association.
« Il veut nous dépeindre comme des gens qui veulent fermer l’Abitibi », se désole Henri Jacob, président de l’Action Boréale, un organisme voué à la défense de la forêt boréale. L’association reproche au ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, de déformer le plan qu’elle propose pour protéger la harde de caribous forestiers de la région de Val-d’Or. Elle lui a envoyé une mise en demeure lui demandant de se rétracter publiquement suite à des déclarations trompeuses répétées lors d’entrevues.
En novembre 2021, à l’émission radiophonique Des matins en or de Radio-Canada, le ministre Dufour affirmait que « si on écoutait juste un côté de la médaille, l’aire protégée qu’on demande pour Val-d’Or […] ça serait 25 fois l’île de Montréal. Donc, imaginez-vous, une aire protégée que l’on ne peut plus rien faire […] ».
Plus récemment, à l’émission La semaine verte du 9 avril dernier, le ministre Dufour tenait le même discours : « Quand je parle avec certains groupes qui ne parlent que de protection du caribou, pis de le laisser gambader dans la nature naturelle, le territoire qu’on me demande d’intervenir, c’est 25 fois l’île de Montréal, c’est du Témiscamingue à Val-d’Or. C’est comme si on ne fait plus rien, pour protéger l’interconnectivité, pour six ou sept caribous qui sont là présentement. »
En novembre 2018, Action Boréale a rencontré le ministre Dufour avec deux spécialistes, Serge Couturier, biologiste de la faune arctique et Marcel Paré, un biologiste ayant travaillé au ministère de la Faune, pour discuter de la question de la sauvegarde du caribou forestier, une espèce menacée d’extinction.
« [Le ministre Dufour] nous a demandé de lui préparer un plan, parce qu’on lui disait qu’il y avait moyen de remettre en vie ce troupeau-là », raconte M. Jacob. « On a préparé un plan de rétablissement qu’on lui a remis à la fin du mois de novembre et depuis, on attend toujours l’accusé de réception », ajoute-t-il.
Des propos exagérés et trompeurs
Contrairement aux propos que tient le ministre, le plan de rétablissement proposé par l’Action boréale, dont Pivot a obtenu copie, demandait l’arrêt de l’exploitation forestière pour une période de cinq ans sur une superficie de 2165 km2. « Pas sur 12 000 km comme [le ministre] n’arrête pas de répéter », rétorque le directeur de l’association. Il ajoute que le rapport ne « parlait pas d’interdire les chasseurs ou quoi que ce soit d’autre que l’industrie forestière ».
Henri Jacob ne sait pas d’où le ministre a sorti ce fameux chiffre de « 25 fois la superficie de l’île de Montréal ». Le plan propose une aire six fois plus petite que cela.
Pour le militant écologiste, l’exagération de leurs revendications a pour but de les faire passer pour des extrémistes : « Tout le monde qui travaille en foresterie va se dire que ça n’a pas d’allure notre affaire. »
M. Jacob s’inquiète alors qu’il soit considéré raisonnable qu’« on se débarrasse des sept caribous ». De plus, ajoute-t-il, ces affirmations donnent une fausse idée des besoins du caribou.
La mise en demeure a pour but de « signifier légalement que c’est de la calomnie », explique Henri Jacob. Il déplore que Pierre Dufour continue de répéter ces allégations alors que l’Action Boréale lui a signifié que c’était faux. « Il veut nous dépeindre comme des gens qui veulent fermer l’Abitibi », se désole M. Jacob. « C’est le vieux discours qui cherche à démoniser les gens qui ne pensent pas comme toi. »
Au moment de publier cet article, le ministre Pierre Dufour n’avait pas encore répondu à notre demande de commentaire.