« Nous allons demeurer un caillou dans votre soulier, M. Charles Raymond » : front commun contre un projet industriel à Hochelaga

Alors que la compagnie Ray-Mont Logistiques a repris les travaux sur son chantier plus tôt cette semaine, citoyen.nes et élu.es ont réaffirmé leur ferme intention de lutter contre ce projet de plateforme de transbordement.

Citoyen.nes, commerçant.es et politicien.nes étaient réunis vendredi matin dans Hochelaga-Maisonneuve à Montréal, pour faire front commun au projet de plateforme de transbordement de la compagnie Ray-Mont Logistiques dans le quartier. Ce projet industriel de grande envergure a prévu de s’installer à environ 150 mètres des premières habitations.

Les opposants au projet industriel ont présenté une déclaration conjointe pour un développement à échelle humaine du site localisé entre les rues Viau et Dickson, près de la rue Notre-Dame.

Cette prise de parole intervient deux jours après la reprise des travaux sur le chantier par l’entreprise Ray-Mont Logistiques. Des manifestant.es ont également bloqué pendant quelques heures vendredi matin l’accès des camions au site de construction, en réponse « aux travaux qui ont débuté à nouveau cette semaine », peut-on lire dans un tweet publié par le compte Mobilisation 6600 – Parc Nature MHM.

Dans un communiqué publié mercredi, l’entreprise affirmait être forcée d’aménager des conduites de drainage afin d’obtenir une extension de son permis de construction et du certificat d’occupation de la part de la Ville de Montréal, « afin d’assurer la préservation de ses droits, reconnus par la Cour d’appel du Québec ».

Le site du projet de plateforme de transbordement de Ray-Mont Logistiques. L’asphaltage a été réalisé par la compagnie en septembre 2021. Les conteneurs sont apparus mercredi dernier. Juste derrière la butte délimitant le terrain: des voies ferrées gérées par CN et une coopérative d’habitations. | Thibault Carron

Mobilisation de toutes parts

La mobilisation citoyenne contre le projet dure depuis 2016, lorsque la compagnie Ray-Mont Logistiques a acquis 2,5 millions de pieds carrés de friches industrielles au bout de la rue Ontario, dans l’optique d’y exploiter une plateforme de transbordement de marchandises. Un projet colossal, qui prévoit 1000 passages de camions et 100 wagons par jour, ainsi que l’entreposage de 10 000 conteneurs à un peu plus d’une centaine de mètres de résidences.

Cassandre Charbonneau-Jobin, co-porte-parole de la Mobilisation 6600, en conférence de presse vendredi matin | Thibault Carron

Vendredi matin, députés et citoyen.nes du quartier ont indiqué avoir bien l’intention de poursuivre ce combat. « Le projet écrase les aspirations du quartier qui subit déjà de nombreuses nuisances d’origine industrielle, ferroviaire, autoroutière et portuaire. [Nous réclamons] que les différents paliers de gouvernement interviennent conjointement afin que ce projet ne voie pas le jour », mentionnent les signataires de la déclaration.

« La réalité, c’est qu’avec Ray-Mont Logistiques ce qui se fait de pire en cohabitation industrielle est ici chez nous, au Québec, à Montréal »

Cassandre Charbonneau-Jobin, porte-parole du regroupement citoyen Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM

Alexandre Leduc, député d’Hochelaga-Maisonneuve et signataire de la déclaration, avait un avertissement à faire directement au propriétaire de l’entreprise en expéditions maritimes conteneurisées.

« Nous allons demeurer un caillou dans votre soulier Monsieur Charles Raymond, et il ne va faire que de croître dans les prochaines semaines et dans les prochains mois, vous pouvez compter là-dessus », a-t-il lancé.

Il a affirmé que les échanges avec le gouvernement Legault se poursuivent afin que des évaluations environnementales du projet soient faites. Le député vise une enquête du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

Pour sa part, la députée fédérale d’Hochelaga, Soraya Martinez-Ferrada, a rappelé que le quartier était « uni non seulement contre Ray-Mont Logistiques, mais aussi […] pour un développement qui est respectueux des gens qui y habitent ».

Malgré la récente victoire de l’entreprise en Cour d’appel, la députée affirme que son équipe demeure en discussion avec celle-ci pour la création de zones tampons autour du site. Rappelons que Ray-Mont Logistiques avait en effet engagé des poursuites judiciaires contre la Ville de Montréal car elle traînait à lui accorder ses permis, faute d’acceptabilité sociale. Elle a obtenu gain de cause en janvier 2021, la Cour d’appel ayant tranché en sa faveur afin qu’elle obtienne son permis de construction.

S’en est suivi une poursuite, dans laquelle Ray-Mont Logistiques demande des dédommagements à hauteur de 373 millions $ à la Ville de Montréal pour avoir traîné dans la livraison de ses permis. L’affaire est toujours devant les tribunaux.

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