Photo: Charlotte Marschall
Nouvelle

Diminution des tirs d’armes à feu à Montréal

Les tirs et les saisies d’armes à feu sont en diminution dans la métropole cette année.

Contrairement à ce que laissent entendre les grands titres de certains médias, des données préliminaires diffusées par le Service de police de la ville de Montréal montrent une diminution des événements impliquant une arme à feu.

Ces données, d’abord dévoilées par La Presse et dont Pivot a obtenu copie, montrent une diminution notable des coups de feu à Montréal ainsi que des saisies d’armes. Les tentatives de meurtre et les homicides impliquant des armes à feu sont plutôt stables.

Ce sont les événements classés comme « décharges », où des coups de feu sont tirés, qui ont enregistré la plus forte diminution. Alors qu’entre janvier et septembre 2021, on avait dénombré 107 décharges d’armes à feu à Montréal, cette année à pareille date, le nombre est de 86.

Entre le début de l’année et le mois de septembre, le nombre de tentatives de meurtre impliquant une arme à feu est passé de 45 en 2021 à 44 en 2022. Les homicides, pour la même période, sont passés de 13 en 2021 à 14 en 2022. Rappelons que le total des homicides impliquant une arme à feu était de 19 l’an dernier.

Ces données sont préliminaires et les classifications peuvent changer selon l’évolution des enquêtes. Selon l’explication du Service de police de Montréal (SPVM), elles sont comptabilisées chaque mois à partir des rapports d’événements remplis par les policiers et policières.

Une violence indépendante des effectifs policiers

Pour Ted Rutland, professeur à l’Université Concordia, ces chiffres sont encourageants même s’ils ne montrent peut-être pas tout le portrait. « C’est un bon signe », dit-il en entrevue.

« Cela fait deux ans que l’on nous dit que l’augmentation de la violence est due à un manque d’effectifs policiers », rapporte le professeur. Cet été, le président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal a multiplié les sorties pour réclamer plus d’effectifs en raison de la violence armée.

À la fin août, le gouvernement du Québec a annoncé qu’il accordait une aide de 250 millions $ sur cinq ans pour contrer la violence armée à Montréal. Ces sommes vont permettre l’embauche de 450 nouveaux agent·es. 

Mais pour le professeur Rutland, la baisse de la violence armée durant l’année montre que l’augmentation et la diminution de ces crimes sont indépendantes du nombre de policier·es.

Diminution des armes saisies

Le nombre d’armes à feu saisies a aussi diminué. Alors qu’en septembre 2021, le SPVM rapportait avoir saisi 465 armes à feu depuis le début de l’année, 384 armes ont été saisies sur la même période cette année.

Si moins d’armes ont été saisies, cela va à l’encontre du discours qui dit que Montréal est inondée d’armes à feu, ajoute Ted Rutland.

« Les armes ont toujours été accessibles pour ceux qui avaient les moyens de s’en procurer », explique-t-il. Une augmentation des crimes signifierait donc surtout que plus de personnes ressentent le besoin de s’en procurer et veulent en faire usage. Alors que saisir les armes est le travail de la police, faire en sorte que moins de gens aient envie de s’en procurer ou de s’en servir ne l’est pas, croit Ted Rutland.

Pour lui, cette tâche repose sur les organismes communautaires du milieu. Il estime que l’augmentation des crimes armés et violents notée l’an dernier s’explique par le sous-financement des groupes communautaires et la pandémie, qui a nui au travail de prévention des organismes et des écoles.

« C’est difficile de savoir avec certitude pourquoi il y a une baisse actuellement », ajoute-t-il. « On n’est pas encore sorti du bois au niveau de la pandémie et de ses effets, mais la situation se normalise un peu. »

Une nouvelle escouade

Le 16 septembre dernier, l’escouade ARRET (action, répression, résolution, engagement et terrain) est entrée en fonction à Montréal. Ce nouveau programme, constitué de près de 70 policier·es, a pour but d’agir contre la violence armée.

Anaïs Des Rosiers, du service des communications du SPVM, rapporte que cette nouvelle unité a débuté avec des « activités de logistiques » avant de sortir sur le terrain. Il est donc trop tôt pour savoir si cette unité aura un impact sur le nombre total d’armes qui seront saisies cette année. De plus, les saisies d’armes ne sont pas ventilées par escouade, nous explique la porte-parole, ce qui ne permet pas au SPVM de donner le nombre d’armes saisies par ce nouveau programme.

Pour expliquer la diminution actuelle, le SPVM affirme que « les responsables rapportent une baisse considérable du nombre d’armes légales remises au SPVM ».

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