Les consommateur·trices feront bientôt face à des prix plus élevés en se rendant à la SAQ pour acheter des vins et autres boissons alcoolisées. Pendant ce temps, la société d’État se prépare à verser 9 millions $ en bonis à ses dirigeant·es, cadres et autres gestionnaires.
Dès ce dimanche 22 mai, la Société des alcools du Québec (SAQ) augmentera les prix d’environ 2500 de ses produits de manière permanente. Cette hausse touche donc plus de 90 % de son offre. Les prix grimperont en moyenne de 3,7 %.
Il s’agit de la deuxième hausse de prix à la SAQ en six mois. En novembre, les consommateur-trices avaient déjà vu les prix de 1300 produits monter de 1,66 % en moyenne.
Dans les deux cas, la société d’État justifie ces hausses par les coûts croissants auprès des fournisseurs et des transporteurs. Elle souligne aussi que les aléas climatiques dans plusieurs pays d’Europe ont nui à la production de vin l’an dernier, ce qui limite la disponibilité de certains produits.
Des bonis pour les gestionnaires
Au début du mois, la PDG de la SAQ Catherine Dagenais annonçait que les dirigeant·es et les gestionnaires de la société d’État auraient droit à des primes totalisant environ 9 millions $. Il s’agit d’un montant similaire à celui versé l’an dernier.
Ce sont 600 employé·es qui se partageront ce montant, soit une minorité sur les plus de 7000 personnes travaillant pour la SAQ. « Les personnes ayant droit à la rémunération variable sont les hauts dirigeants, les cadres, les professionnels et le personnel non syndiqué », précise par courriel Clémence Beaulieu Gendron, porte-parole pour la Société des alcools.
Comme en entreprise privée, les bonis sont versés chaque année et sont liés « à la performance personnelle de chacun ainsi qu’à celle de l’entreprise », indique encore la porte-parole.
La fin des primes demandée
L’annonce des hausses de prix quelques jours après celle des bonis a suscité des critiques de l’opposition. « C’est carrément scandaleux que la SAQ augmente ses tarifs pour la deuxième fois cette année alors qu’on vient d’apprendre qu’elle va verser 9 millions de dollars en bonis à ses hauts dirigeants! », a dénoncé lundi Ruba Ghazal, porte-parole de Québec solidaire en matière de Finances.
« Notre société d’État ne sert pas à signer des chèques à ses patrons, elle sert à garantir aux Québécois de bons produits à un prix raisonnable. »
Québec solidaire demande la fin du « party des bonis dans les sociétés d’État ».
Le Parti québécois a aussi récemment remis en question les primes à la performance dans les entreprises publiques qui détiennent un monopole. « Est-ce que ces fameuses rémunérations variables, dans des marchés de monopole, c’est encore la bonne chose à faire pour le service public? […] Je ne suis pas convaincu », avait lancé Martin Ouellet, porte-parole péquiste en matière de Finances, lors de l’annonce des primes à la SAQ.
Le premier ministre François Legault s’était alors dit ouvert à mettre fin aux bonis pour les dirigeant·es de certaines sociétés d’État, lors du renouvellement de leurs contrats.