Course au co-porte-parolat de Québec solidaire : Sol Zanetti, à l’attaque pour la souveraineté

Sol Zanetti souhaite incarner une gauche qui assume ses positions s’il devient porte-parole de son parti.
Sol Zanetti (au centre), Étienne Grandmont (à gauche) et Yv Bonnier-Viger (à droite), les trois candidats au poste de co-porte-parole de Québec solidaire. Photos: Francis Hébert-Bernier. Montage: Pivot

Lors de son prochain congrès qui se tiendra du 7 au 9 novembre, Québec solidaire élira un nouveau co-porte-parole masculin pour faire entendre la voix du parti dans le dernier droit avant les élections québécoises l’an prochain. Pivot s’est entretenu avec les trois candidats en lice pour mieux comprendre leur vision de la gauche et de leur parti ainsi que leurs motivations politiques. Dans ce texte, Sol Zanetti et son désir de souveraineté pour les peuples du Québec.

Si Sol Zanetti a décidé de se lancer dans la course pour devenir co-porte-parole de Québec solidaire (QS), c’est parce qu’il croit que la gauche québécoise doit repenser la façon dont elle tente de faire passer son message auprès de la population et qu’il peut incarner ce changement.

Un changement d’approche qui s’impose, selon lui, dans le contexte où les idées de droite ont progressé beaucoup plus vite que celles de gauche dans les dernières années.

« QS est à la croisée des chemins », croit Sol Zanetti. « La droite a réussi à progresser en étant hors norme et même en se mettant à dos les médias en grande partie. Je pense que la gauche en restant à gauche, fidèle à elle-même et à ses valeurs, doit repousser la limite de ce qu’on considère comme étant possible dans nos prises de paroles et tout ça. »

Défendre l’ensemble des positions, partout au Québec

Concrètement, ce changement de cap se traduirait par une posture plus offensive et plus assumée qui embrasserait le caractère radical du changement proposé par son parti. Cela passerait aussi par une mise en valeur des propositions les plus ambitieuses mises de l’avant par les membres de la coalition solidaire.

« On doit assumer une position anti-système claire. Le système dans lequel on est n’est pas bon. Il a été créé à une époque coloniale et il l’est encore. Il n’est pas assez démocratique, il ne protège pas assez les droits et libertés. On ne peut pas rester là-dedans », souligne le candidat.

« L’idée de dire que pour se faire élire, la gauche doit mettre de l’eau dans son vin, c’est un faux dilemme. C’est le cadrage de nos adversaires et leur prémisse c’est que la gauche ne peut juste pas gagner », défend-il.

« Pas besoin de se recentrer, bien au contraire : il faut prendre le pouvoir en s’assumant et je crois que c’est possible. C’est ça notre lutte, c’est ça notre défi de départ », résume Sol Zanetti.

« Quand nos adversaires essaient de mettre la gauche sur la défensive, je pense que la meilleure défense, c’est l’attaque. On est rendu là. Quand ils réussissent à nous mettre sur la défensive, peu importe nos arguments, les gens voient juste qu’on est sur la défensive, qu’on recule, et nos appuis baissent, c’est démoralisant et on envoie le message que nos idées ne sont pas si bonnes que ça. Sinon, on serait à l’attaque pour elles », poursuit-il.

COURSE AU CO-PORTE-PAROLAT DE QUÉBEC SOLIDAIRE

Lisez nos entrevues avec les autres candidats :

Dans la même logique, le député croit que ce serait une erreur de concentrer les efforts du parti sur certaines circonscriptions clés au cours du prochain cycle électoral. « Si notre but final c’est d’avoir un pays vert de gauche, il nous faut prendre le gouvernement et pour prendre le gouvernement, il faut être dans toutes les régions du Québec », souligne-t-il.

La souveraineté des peuples québécois

Ancien professeur de philosophie au cégep, Sol Zanetti fait le saut en politique en 2012, en s’impliquant dans le mouvement des profs contre la hausse. Il se joint ensuite au parti Option nationale, dont il deviendra le chef en 2013, jusqu’à la fusion avec Québec solidaire en 2017. Par la suite, il agit comme responsable de la commission Stratégie pour la souveraineté au sein de QS.

Élu député solidaire de la circonscription de Jean-Lesage, dans la basse-ville de Québec, depuis 2018, il agit comme porte-parole parlementaire du parti sur les questions d’accès à l’information et de protection des renseignements personnels, de culture et communications, d’enseignement supérieur et sur les enjeux liés à la Capitale-Nationale.

En chambre, il se sera notamment fait remarquer pour son opposition au serment d’allégeance des député·es à la Bouronne britannique.

Il dit s’être lancé en politique en grande partie pour aider à relancer par la gauche le débat sur l’indépendance du Québec.

« L’idée de dire que pour se faire élire, la gauche doit mettre de l’eau dans son vin, c’est un faux dilemme. C’est le cadrage de nos adversaires et leur prémisse c’est que la gauche ne peut juste pas gagner. »

Sol Zanetti

Une posture qu’il espère défendre dans le contexte des élections de l’an prochain, en vue desquelles le Parti québécois démarre en tête des sondages en adoptant une position ouvertement indépendantiste, mais campée dans un discours conservateur.

« L’indépendance va devenir l’enjeu de la prochaine élection et si Québec solidaire n’est pas une voie pertinente assumée et crédible pour les électeurs souverainistes, on va reculer énormément », croit Sol Zanetti.

« On a une posture souverainiste super forte à QS, c’est la souveraineté jusqu’au bout. C’est-à-dire pas uniquement la souveraineté de l’État, mais celle des peuples du Québec. C’est de se faire une vraie démocratie en rendant la souveraineté aux peuples du Québec, incluant les peuples autochtones », rappelle-t-il.

« On ne peut pas dire que la souveraineté c’est bon pour moi mais pas pour les autres. La souveraineté, c’est un enjeu universel. »

Pour lui, l’indépendance du Québec doit être vue comme un premier pas vers l’émancipation face aux forces coloniales et au pouvoir du capital qui seraient au cœur de l’union canadienne. Une façon de se donner les moyens d’en faire plus et de remettre en cause les fondements du système lui-même.

« Si on veut faire la transition écologique, si on veut sauver la planète, il va falloir qu’il y ait des révolutions démocratiques partout. Il faut que partout, on prenne le pouvoir de protéger le territoire et qu’on remette ça entre les mains des peuples plutôt que de le laisser, comme en ce moment, entre les mains des multinationales qui vont tout détruire pour accroître leur capital. Et le volet local de cette chose-là, c’est la souveraineté du Québec », précise-t-il

« Il faut qu’on l’assume et que les gens s’en rendent compte pour qu’ils se disent qu’au nom de la réussite de l’indépendance, ils doivent voter pour QS à ces élections. Pour l’instant, ce n’est pas ça qui se passe, ce n’est pas ce que les gens pensent de QS et de sa position souverainiste. On a un gros travail à faire pour rectifier ça », croit-il.

Se rapprocher des gens

Sol Zanetti croit aussi que les propositions de son parti sur l’environnement et sur le coût de la vie seront une bonne voie pour convaincre l’électorat.

« L’enjeu du coût de la vie en ce moment touche tout le monde très concrètement et nos solutions sont objectivement celles qui vont enrichir le plus le monde et qui vont répartir le plus la richesse et améliorer la qualité de vie de tout le monde », pense-t-il.

« Il faut qu’on les amène dans l’espace public et qu’on les fasse gagner en popularité d’ici la prochaine élection, sinon ce sont les solutions de droites inefficaces, contre-productives qui vont être prisées et qui vont l’emporter », s’inquiète-t-il.

Pour y arriver, Sol Zanetti propose que les député·es de son parti passent plus de temps sur le terrain près des citoyen·nes, quitte à passer un peu moins de temps à débattre en chambre à Québec.

« On doit être au parlement, on doit saisir l’occasion de questionner les ministres, de les mettre dans l’eau chaude, d’aller chercher l’information et d’utiliser cette influence qui est super importante… Mais il y a bien des choses là-dedans qu’on fait sans réel pouvoir et où ça ne change pas grand-chose. »

« L’indépendance va devenir l’enjeu de la prochaine élection et si Québec solidaire n’est pas une voie pertinente assumée et crédible pour les électeurs souverainistes, on va reculer énormément. »

Sol Zanetti

« Ça changerait pas mal plus de choses si on allait à la place soutenir une lutte populaire dans une région du Québec qui est pognée avec un député caquiste qui défend le gouvernement au lieu de défendre son peuple », explique-t-il.

« On doit faire plus ça – mais si on fait ça, on déroge aux normes du système et on va se faire dire : “vous ne faites pas votre job vous n’êtes pas assez au parlement”. Mais il faut être capables de se dire que oui, on fait notre job, parce que notre job c’est d’être là-bas à défendre le vrai monde, ce que le gouvernement ne fait pas », insiste-t-il.

Pour accomplir tout cela, Sol Zanetti croit que le succès passera par la mobilisation des membres de son parti, une mobilisation qu’il croit être en mesure de générer.

« En ce moment, QS a un gros problème de mobilisation et j’ai de l’expérience là-dedans. J’ai été chef d’un parti [Option nationale] pendant cinq ans, un très petit parti, très démocratique, dont tout le monde disait qu’on n’allait jamais arriver à rien. »

« J’ai l’habitude d’arriver dans des situations où tout le monde nous dit que c’est peine perdue et d’arriver à en tirer quelque chose, de faire quelque chose de beau avec ça et d’en tirer de la mobilisation et de l’enthousiasme pareil », conclut-il.

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