Il y a de cela quelques années, j’étais invité sur le plateau de l’émission Deux hommes en or sur les ondes de Télé-Québec pour discuter de mon pamphlet Un Canada errant sur le sentier de la guerre. Ce savoureux petit brûlot dénonçait ce que j’appelais le « renouveau militariste canadien », initié sous la gouverne du régime Harper et poursuivi sous Trudeau.
L’animateur Patrick Lagacé m’avait demandé de décrire l’attitude de ces pays de l’OTAN qui déployaient alors leurs forces armées aux quatre coins du Sud global, tandis que rageait toujours cette hypocrite et prétentieuse « guerre au terrorisme », déjà de plus en plus clandestine (et qui, le saviez-vous, n’est toujours pas terminée?).
« As-tu déjà entendu l’expression “pompier pyromane”? », ai-je demandé. Question rhétorique – l’expression reste largement connue.
Mais à quel point s’appliquait-elle à cette guerre et même à presque tous les conflits qui ont éclaté depuis plus de cent ans et dans lesquels l’Occident est impliqué, même indirectement?
La réponse rapide? Elle s’applique entièrement. À la manière du traité de Versailles imposé par la France à l’Allemagne après la Première Guerre mondiale, qui a servi de terreau fertile à l’émergence d’Adolf Hitler.
La notion de pompier pyromane devrait même servir de motif d’inculpation contre l’ensemble des dirigeants occidentaux devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre.
Une liste noire
L’invasion illégale de l’Irak par l’axe américano-britannique a engendré Daech, l’État islamique.
Le coup d’État en Libye contre Mouammar Kadhafi, soutenu par l’OTAN, a engendré une suite de conflits dans l’ouest de l’Afrique, en plus de plonger le pays dans le chaos le plus total. Des conflits que l’OTAN continue d’alimenter, par le biais notamment des opérations de l’AFRICOM américain.
L’humiliation continue de la Russie par l’Occident, même après la chute de l’URSS – comme pour l’Allemagne dès 1918 –, a permis l’ascension de Vladimir Poutine.
L’oppression systématique et perpétuelle du peuple palestinien par le régime d’apartheid israélien entretient un climat dans lequel les groupes de résistance armée conservent une relative légitimité auprès de la population.
Même les talibans d’Afghanistan trouvent leur origine chez une partie des moudjahidines en lutte contre l’occupant soviétique, qui était venu soutenir un gouvernement socialiste issu de la Révolution de Saur en 1978, mais combattu par des islamistes fanatiques recrutés par la CIA – ça a beau sonner simpliste, voire complotiste, mais c’est exactement ce qui s’est passé.
Les ayatollahs iraniens n’auraient même jamais vu le jour si les Américains et les Britanniques, en 1953, au nom de British Petroleum, n’avaient pas fait payer au gouvernement socialiste de Mohammad Mossadegh le prix de la nationalisation du pétrole iranien en réinstaurant la dictature des chahs de la dynastie Pahlavi. La suprématie mondiale des « sept sœurs » pétrolières multinationales n’allait pas être défiée!
L’Amérique latine, surtout suite à la révolution cubaine, a fait les frais de nombreux coups d’État soutenus par l’empire états-unien, qui a placé des despotes sanguinaires qui, eux, ont déployé des escadrons de la mort avec pour cibles les leaders dissidents et syndicalistes, entre autres. Pas question pour les impériaux de voir une coalition de gauche sur le continent qu’ils considèrent comme leur arrière-cour, et au diable leur souveraineté!
Je peux continuer ainsi longtemps.
Des sacrifices à l’autel de la Bête
Dans une économie occidentale capitaliste qui intègre un gigantesque complexe militaro-industriel transnational, pas question d’éteindre durablement les brasiers déclenchés par les gouvernants.
L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm publie continuellement son top 40 annuel des pays selon leurs dépenses militaires.
En 2022, à l’échelle de la planète, elles ont atteint la somme rondelette de 2,2 billions $ US.
À 40 % par les États-Unis. 877 milliards $ US.
Le plus proche concurrent « ennemi »? La Chine, avec 292 milliards $ US?
La Russie? Complètement déclassée, à 86 milliards $ US.
Mais ce sont les autres qui sont les « agresseurs », qui représentent une menace pour la paix mondiale…



