
Des manifestant·es pro-Palestine étaient présent·es, mardi matin à Québec, aux bureaux de la multinationale française Thales. L’action avait pour but de sensibiliser le public et les employé·es aux nombreux liens de l’entreprise avec Israël. Des systèmes informatiques conçus par la compagnie sont utilisés par l’armée israélienne.
Une dizaine de personnes membres de Labour for Palestine (Syndicalistes pour la Palestine), du Collectif pour la paix et du groupe PalestineQuébec se sont rendues mardi matin aux locaux du groupe Thales, dans un parc technologique aux abords de L’Ancienne-Lorette, pour sensibiliser les travailleur·euses de l’entreprise quant à sa proximité avec l’armée israélienne.
Malgré plusieurs klaxons provenant du boulevard adjacent, peu d’employé·es de la compagnie se sont montré·es réceptif·ves aux tracts des manifestant·es. Plusieurs personnes travaillant pour d’autres entreprises dans le même bâtiment ont cependant exprimé leurs préoccupations quant aux activités de Thales.
Amine Ezzohor explique que sa présence sur place a pour but de montrer que la solidarité avec la Palestine est véritablement internationale. « C’est pour montrer que même en dehors des pays arabes, dans les pays occidentaux, on est là pour eux », dit-il.
Une compagnie « impliquée depuis des décennies » en Israël
Le groupe Thales est une multinationale française présente dans 68 pays qui se spécialise dans la conception de systèmes électriques et informatiques. Thales œuvre dans des domaines allant de l’aérospatiale à la logistique de transport, en passant par la collecte de données et la cybersécurité, et plusieurs armées dans le monde ont recours à ses technologies.
Selon une campagne de l’ONG Pour un monde sans guerre, à laquelle renvoyaient les codes QR dans les dépliants des manifestant·es, « Thales est impliquée dans la chaîne d’approvisionnement militaire israélienne depuis des décennies ».
Spécialisée notamment dans les systèmes d’aviation, Thales a joué un rôle dans la conception du F-35, un avion de combat utilisé dans les bombardements en cours et dont l’exportation vers Israël a récemment été bloquée par un tribunal aux Pays-Bas.
« Une pièce qui sert à un avion qui lance des bombes, c’est de l’équipement létal! » s’indigne Leila Hamidouche, membre du Collectif pour la paix et de Labour for Palestine.
Thales est également présente au Proche-Orient à travers sa filiale de cybersécuritéImperva, fondée en Israël où elle est toujours active, et dont Thales a fait l’acquisition l’été dernier. Imperva se félicitait d’avoir contribué à la protection des systèmes informatiques israéliens, ciblés par de nombreuses attaques après le 7 octobre dernier.
Le groupe français possède aussi la compagnie de drones UAV Tactical Systems en partenariat avec Elbit, l’une des plus grandes compagnies d’armement israéliennes. Le fabricant de drones a été accusé de fournir des engins à l’armée israélienne, utilisés dans les attaques contre Gaza. L’entreprise nie être un fournisseur de l’armée d’Israël.
Après les attaques du 7 octobre, le groupe Thales est l’une des entreprises dont le cours a connu la plus forte hausse à la bourse de Paris. À ce jour, il est resté entre quatre et seize euros au-dessus de sa valeur avant les attaques.
Aux questions de Pivot, Thales a répondu que l’entreprise opère « dans le strict respect de toutes les réglementations nationales et internationales ». L’entreprise n’a pas voulu préciser la nature des activités de ses installations de Québec.
Thales n’est pas la seule entreprise de la région de Québec à avoir un lien avec l’armement d’Israël. General Dynamics, qui fabrique le type de bombes le plus couramment utilisé contre la bande de Gaza, possède notamment une usine à Saint-Augustin, récemment ciblée par des manifestant·es.



