
Conditions de travail jugées inhumaines au CISSS de Laval
Un sondage effectué auprès des soignant·es met en lumière les conditions de travail difficiles au CISSS de Laval.
Dans un sondage dont les résultats ont été rendus publics aujourd’hui, les infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes du CISSS de Laval donnent une note de 5 sur 10 à leur milieu de travail en matière d’humanité. Temps supplémentaire obligatoire, surcharge de travail et harcèlement sont parmi les irritants nommés par les employé·es de la santé. Le sondage met également en lumière l’importance d’une bonne équipe de travail, la solidarité entre collègues étant le principal facteur de bien-être.
Le président du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires de Laval (SIIIAL-CSQ), Déreck Cyr, dévoile ce mercredi les résultats de ce sondage dans le cadre de l’assemblée générale des délégués du syndicat. Pivot en a obtenu copie.
Un peu plus de 200 personnes ont répondu aux questions posées par leur syndicat.
On manque de temps pour bien soigner
Dans ce sondage, 1 est la pire note et 10, la meilleure.
À la question « J’ai suffisamment de temps pour exécuter mon travail de façon professionnelle », la moitié (48 %) des répondant·es ont mis une note de 5 ou moins. Cette proportion monte à 63 % si on ne considère que les personnes qui travaillent à la Cité de la Santé de Laval.
Les commentaires des travailleur·euses sondées sont éloquents et inquiétants.
« Temps supplémentaire obligatoire et petits salaires. On est juste du cheap labour sur une chaîne de travail “Lean”. »
« Nous ne pouvons pas offrir [aux patient·es] toute l’aide nécessaire, puisque nous avons souvent beaucoup plus de patients que supposé, dû au manque de personnel constant », rapporte une répondante anonyme.
Une autre déplore le « travail à la chaîne car [le] ratio patient/infirmière [est] trop grand ».
Une personne rapporte des « patients négligés par manque de personnel », tandis qu’une autre dénonce qu’en CLSC elle doit « diminuer la qualité pour en faire plus ».
Manque d’écoute et menaces de la part des gestionnaires
À la question « Je me sens écoutée ou écouté quand j’exprime un besoin ou un problème », le score moyen des réponses est de 5,2.
Dans les commentaires, le manque d’écoute et le harcèlement de la part des supérieur·es sont rapportés par plusieurs répondant·es.
Une personne rapporte « subir de l’intimidation [et] se faire dire de démissionner si on n’est pas content ».
Une autre déplore « les menaces reçues des gestionnaires lorsque nous prenons des [congés de] maladie » et « la pression exercée pour qu’on rentre travailler même si on n’est pas apte ».
Des équipes stables comme facteur de bien-être
Une forte proportion des répondant·es au sondage ont mentionné la relation avec leurs collègues comme étant un facteur de bien-être.
« L’équipe “plancher”, mes collègues, sont extraordinaires et sont en grande partie ma motivation pour aller travailler ! »
Ceci pousse le président du syndicat, Déreck Cyr, à dire que l’employeur doit assurer une plus grande stabilité des postes de travail. « Il faut absolument que le CISSS de Laval diminue radicalement son recours à la main-d’œuvre indépendante », peut-on lire dans le communiqué émis par le syndicat.
En effet, le recours en hausse aux agences privées dans le réseau de la santé cause un important roulement de personnel : cela peut affecter négativement la cohésion des équipes de travail, comme l’a constaté Pivot en enquêtant sur ces agences.
« Le CISSS de Laval offre à la population des services de qualité et vise à offrir des conditions de travail favorables pour soutenir la mission de l’organisation », a répondu la porte-parole du CISSS, Marie-Eve Despatie-Gagnon.
Un plan « Zéro TSO » est en place et celui-ci est soutenu par la direction. Ce plan « vise à éliminer tout d’abord le TSO, diminuer l’utilisation de la main d’œuvre indépendante et finalement le temps supplémentaire », dit-elle.
D’autres initiatives, telles que l’autogestion des horaires, seront intégrées dans les prochaines semaines.
Mise à jour : L’article a été mis à jour pour y ajouter la réaction du CISSS de Laval. (25-01-2023)