La famille de Ronny Kay, tué par la police, demande justice

La communauté asiatique s’est rassemblée dimanche autour des proches de Ronny Kay pour demander des réponses après sa mort aux mains du SPVM.

Le 17 septembre 2022, Ronny Kay, un homme d’origine chinoise de 38 ans qui habitait L’Île-des-Sœurs, a été tué par un agent du SPVM durant un épisode de détresse psychologique. Deux mois plus tard, sa famille cherche toujours à comprendre ce qui s’est passé cette journée-là.

Dimanche, une foule s’est rassemblée à la place Sun-Yat-sen au Quartier chinois pour exprimer son mécontentement face à la gestion par les autorités de la mort de Ronny Kay.

« Sa mort est soudaine et tragique, mais c’est encore pire quand on sait que c’était aux mains de la police de Montréal », dit Michelle Kay, une des sœurs de M. Kay, durant un discours. Elle affirme qu’elle n’a « toujours pas de nouvelles [pour comprendre] pourquoi Ronny a été tué aux mains de la police ».

« Il ne fallait surtout pas lui tirer dessus! »

Les événements du 17 septembre qui ont précédé la mort de M. Kay sont toujours flous. Debola Kay, une de ses sœurs, a reçu un appel de son frère en début d’après-midi. Il lui a dit que son ex-copine avait appelé la police suite à une dispute entre eux lorsque celle-ci a voulu reprendre ses meubles.

« Il était en détresse. Il me disait [au téléphone] qu’il tremblait et qu’il avait peur », affirme Debola en entrevue. Elle savait que son frère avait une peur immense de la police depuis qu’il avait vécu une intervention policière brutale il y a dix ans.

Ronny Kay | Photo : mychinatownmtl (Instagram)

Elle s’est précipitée vers L’Île-des-Sœurs. Quand elle est arrivée, elle a essayé de faire comprendre aux policiers que son frère était en détresse psychologique et qu’il avait besoin de sa grande sœur pour le calmer. « Et j’ai dit qu’il ne fallait surtout pas lui tirer dessus! », s’exclame-t-elle.

Les policiers lui ont répondu qu’ils avaient une procédure à suivre et qu’ils allaient localiser son frère. « Je ne sentais pas qu’ils avaient pris au sérieux tout ce que je leur avais dit », affirme-t-elle.

La prochaine nouvelle qu’elle a eu des policiers, c’était que son frère était en route pour l’Hôpital Général. Après s’être précipitée là-bas et avoir passé plus d’une heure sans informations, Debola apprend le décès de son frère par un médecin. « Je n’en revenais pas. Ce n’était pas à ça que je m’attendais », pleure-t-elle.

Une attente interminable

Depuis, la famille Kay ne sait toujours pas pourquoi il a été abattu. « Comment est-ce qu’on nous demande de vivre une vie normale, sans savoir pourquoi Ronny a été tué? C’est notre seul frère, c’est aussi le seul fils de ma mère », lance Michelle durant un discours.

Elle ajoute qu’aucune autorité publique ne leur a offert ses condoléances. « Nous demandons des condoléances du SPVM pour notre famille. Ce n’est pas normal qu’on n’ait pas encore reçu de condoléances, alors que c’est vous qui avez tué notre fils, notre frère », revendique-t-elle.

Dans une lettre ouverte co-signée par des dizaines de membres de la communauté et d’autres allié·es, la famille Kay fait appel au Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), au coroner, au ministre de la Sécurité publique, à la mairesse de Montréal et au SPVM pour ouvrir une enquête publique sur le décès de son frère dans les plus brefs délais et pour avoir un accès immédiat aux services psychosociaux.

Encore plus de démêlés avec la police

Durant son discours, Michelle révèle aussi que deux semaines après la mort de son frère, leur mère s’est aussi fait arrêter par la police. Elle s’est fait refuser un renouvellement de prescription à la pharmacie qui « l’a mise dans tous ses états », car elle était émotionnellement fragile suite à la perte de son fils.

Michelle soutient que la pharmacie a appelé la police sur sa mère et que celle-ci a été emmenée au poste. La mère de famille est actuellement accusée d’entrave à la paix et devra comparaître en cour dans les prochaines semaines.

Justice pour Ronny Kay

C’est après la manifestation qui a défilé de la place Sun-Yat-sen jusqu’au Vieux-Port que la mère de Ronny kay a pris la parole en public pour la première fois, devant l’hôtel de ville pour symboliquement se faire entendre par Valérie Plante.

Mme Kay, mère de Ronny, prenant la parole lors du rassemblement du 20 novembre
Photo : mychinatownmtl (Instagram)

« Ce jour-là, mon fils travaillait. Comment pouvait-il s’imaginer qu’il allait être fusillé à mort très prochainement? », dit Mme Kay. « Il n’a même pas eu la chance de revenir à la maison pour parler à sa mère. » La mère de famille demande à ce que l’administration municipale enquête sur ce dossier. « Sinon, comment est-ce que les gens ordinaires peuvent aller vers le gouvernement pour de l’aide? »

Elle a conclu son discours en demandant justice pour son fils et pour toutes les autres victimes de la brutalité policière.

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