Les investissements destinés à la protection de l’environnement représentent une partie minime du nouveau budget du gouvernement Legault. Les stratégies priorisées sont aussi critiquées par les groupes écologistes.
Dans le budget présenté mardi par le ministre des Finances Éric Girard, à peine 357 millions $ sont ajoutés pour l’action environnementale sur les cinq prochaines années. Cela représente moins de 2 % des dépenses totales.
Ainsi, sur les cinq priorités identifiées par le gouvernement, l’environnement est de loin celle qui reçoit la moins grosse part du gâteau. En comparaison, 8,9 milliards $ sont investis dans le système de santé et 4,2 milliards $ serviront à stimuler la croissance économique.
Les chèques de 500 $ promis par le gouvernement Legault, quant à eux, coûteront 3,2 milliards $ à la province. Il s’agit donc d’un montant neuf fois plus élevé que celui consacré à l’environnement.
Dans les nouveaux investissements environnementaux, moins de la moitié (152 millions $) servira à la transition énergétique. L’argent ira à la promotion des bioénergies et de l’« hydrogène vert ». Cette technologie coûteuse et incertaine est pourtant loin d’être une solution miracle, selon plusieurs expert·es, qui préconisent plutôt de miser sur la réduction de la consommation d’énergie.
Par ailleurs, le budget mentionne que des revenus additionnels provenant du marché du carbone permettront d’ajouter environ 1 millions $ pour la réalisation du Plan pour une économie verte dans les cinq prochaines années, pour un total de 7,6 milliards $. Le Plan pour une économie verte, présenté fin 2020, avait été jugé insuffisant par les groupes environnementaux.
Notons aussi que, dans les nouvelles dépenses en infrastructures, deux fois plus d’argent est prévu pour le maintien du réseau routier (30,7 milliards $) que pour le transport collectif (14,7 milliards $). Lors de la dernière campagne électorale, la CAQ s’était pourtant engagée à égaliser les investissements dans ces deux cases budgétaires.
Un budget vertement critiqué
Pour les groupes écologistes, la question environnementale est encore une fois l’angle mort du gouvernement Legault.
Il est décourageant de voir le gouvernement « affirmer que l’environnement est une priorité et n’y investir que des peanuts », déplore Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec.
« Alors que la crise climatique et la transition énergétique auraient dû être centrales, elles se retrouvent en marge de ce budget qui n’obtient même pas le qualificatif de “vert pâle” », affirme quant à lui Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada. « Le gouvernement ne propose rien qui permettrait d’infléchir significativement les émissions », analyse-t-il.
« Même si on augmente les budgets prévus au Plan pour une économie verte, on continue de dépenser l’argent de la même façon et dans les mêmes programmes. Il faudra donc s’attendre aux mêmes résultats », juge Marc-André Viau, directeur des relations gouvernementales chez Équiterre.
Actuellement, le Québec n’est pas sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre (GES). La province a échoué à respecter les cibles de 2020 et s’enligne aussi pour rater celles de 2030.