Contrairement au gouvernement Legault, la grande majorité des Québécois·es estime que c’est l’industrie fossile qui devrait payer pour réparer les dommages environnementaux causés par les forages. Les indemnisations de 100 millions $ que le gouvernement souhaite verser aux entreprises sont aussi jugées trop généreuses par une majorité de répondant·es.
Ce sont les résultats d’un sondage réalisé par la firme Léger à la demande d’une coalition de groupes écologistes.
Le projet de loi 21 sur la fin des hydrocarbures est à l’étude à l’Assemblée nationale jusqu’à jeudi. Il vise à interdire toute exploitation d’hydrocarbures au Québec et à révoquer les licences déjà accordées aux entreprises pétrolières et gazières. Les puits déjà forés doivent être fermés et restaurés.
Or, le projet de loi prévoit aussi un programme d’indemnisation pour l’industrie fossile, d’une valeur de 100 millions $. Le gouvernement compte débourser les trois quarts des coûts pour la restauration des puits développés par les entreprises, pour un total estimé de 33 millions $. Le montant restant, de 67 millions $, servira à compenser les entreprises dont les permis seront révoqués, pour les dépenses qu’elles ont engagées depuis 2015.
Une trentaine d’entreprises se partagent 182 permis d’exploration et 1 permis d’exploitation.
Pour 70 % des personnes interrogées, ce sont les entreprises pétrolières et gazières qui ont la responsabilité de « payer pour les dégâts causés par certains forages sur l’environnement (pollution de l’eau, fuites de gaz en provenance des puits, contamination du sol, coupe d’arbres, etc.) ». En revanche, seul·es 17 % des répondant·es considèrent qu’il s’agit d’une responsabilité partagée. Enfin, 4 % croient que c’est uniquement au gouvernement et aux contribuables de payer ces coûts.
Ce sont encore 54 % des Québécois·es sondé·es qui jugent que les 100 millions $ prévus par le gouvernement Legault pour l’industrie fossile constituent un montant trop élevé. À l’inverse, 19 % estiment qu’il est juste assez élevé, tandis qu’à peine 4 % pensent que ce montant est insuffisant.
L’industrie, en tout cas, voudrait davantage : l’Association pétrolière et gazière du Québec juge que les entreprises méritent 500 millions $. Elle croit que le gouvernement devrait couvrir les investissements faits tout au long des 30 dernières années.
« Ce sondage confirme ce que nous savons déjà : la population du Québec en a assez de l’industrie pétrolière et gazière. »
Charles Bonhomme, de la Fondation David Suzuki, l’un des groupes derrière le sondage.
« Il est la preuve que le gouvernement du Québec doit se tenir debout vis-à-vis les demandes de l’industrie et n’offrir aucune indemnisation à cette industrie qui nous a poussés au bout du gouffre climatique. Il s’agit d’une question de démocratie environnementale », affirme M. Bonhomme.
Selon une analyse réalisée par le Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE), il est tout à fait possible pour le gouvernement de mettre un terme à l’exploitation des hydrocarbures sans verser un sou aux entreprises. « L’indemnisation est un choix politique, et non une obligation juridique », rappelle le CQDE. De plus, les groupes écologistes craignent que la restauration des sites d’exploitation coûte plus cher que prévu, et donc que la facture imposée aux Québécois·es grimpe.
Le sondage Web a été mené auprès de 1007 personnes entre les 18 et 20 février. Les personnes sondées ne constituent pas un échantillon probabiliste. Toutefois, pour un échantillon probabiliste de cette taille, la marge d’erreur aurait été de ± 3,1 %, 19 fois sur 20.