Colombie-Britannique : vers la catastrophe naturelle la plus coûteuse de l’histoire canadienne

Si les gouvernements au Canada n’agissent pas dès maintenant pour adapter les infrastructures, les changements climatiques auront des conséquences économiques et humaines de plus en plus graves.

Les inondations historiques et les glissements de terrain qui frappent la Colombie-Britannique sont en voie de devenir la catastrophe naturelle la plus coûteuse de l’histoire du Canada, affirme l’Institut canadien pour des choix climatiques (ICCC).

Les coûts directement liés aux dégâts et à la réparation des résidences, routes et autres infrastructures sont encore impossibles à calculer, mais plusieurs indicateurs laissent croire qu’ils atteindront des sommets jamais égalés. 

L’industrie de l’assurance a déjà prévenu que les indemnisations qu’elle devra verser aux victimes atteindront des niveaux historiques. De son côté, le ministre provincial des Transports, Rob Fleming, a admis le 19 novembre dernier que les coûts de reconstruction seront « très importants », sans pouvoir les chiffrer. Le maire d’Abbotsford, ville qui a été plongée sous les eaux quand la rivière Nooksack a débordé, estime à 1 milliard $ les dommages subis par sa seule municipalité. 

Une bonne part de l’économie du pays a aussi été paralysée par la fermeture ou la destruction des routes et chemins de fer rejoignant la côte du Pacifique. Cela a en effet bloqué la circulation des marchandises entrant et sortant du port de Vancouver, le plus important au Canada. Le tiers du commerce maritime du pays passe par les ports de la côte ouest, représentant des milliards de dollars chaque mois, indique Statistique Canada.

Les conséquences des inondations sur l’agriculture se chiffreraient dans les centaines de millions de dollars, selon le Conseil de l’agriculture de la Colombie-Britannique.

Qui plus est, les précipitations ne sont pas terminées en Colombie-Britannique : une troisième tempête de pluie a débuté mardi et doit se poursuivre mercredi dans les régions côtières.

Les coûts de la crise climatique explosent

Les inondations des dernières semaines donnent une idée de ce que nous réserve la crise climatique, affirme Julien Bourque, chercheur à l’ICCC.

« C’est un coup d’alarme », lance-t-il. « C’est exactement le genre d’événement qui risque d’arriver plus souvent et avec plus d’intensité. »

Selon une récente recherche de l’ICCC, les changements climatiques causeront des dégâts de plus en plus coûteux aux infrastructures canadiennes dans les prochaines décennies, et le pays n’y est pas préparé.

Les dommages causés aux bâtiments par les inondations risquent d’être multipliés par cinq d’ici 2050 et par dix d’ici 2100, pour atteindre un total de 13,6 milliards $ par année. En effet, les pluies sont appelées à s’intensifier, tandis que le niveau de la mer s’élèvera.

Pour les routes et les chemins de fer, les coûts des dommages pourraient augmenter de 5,4 milliards $ annuellement d’ici 2050. À la fin du siècle, ces coûts supplémentaires atteindraient 12,8 milliards $. L’ICCC indique par exemple que les fortes canicules dans certaines régions menacent de déformer les voies ferrées, ce qui pourrait aussi mener à des déraillements.

Julien Bourque précise que les calculs de l’ICCC ne montrent que « la pointe de l’iceberg », puisqu’il existe aussi « tout un tas de situations extrêmes » dont les conséquences sont difficiles à prévoir et à mesurer.

Pourtant, le financement manque pour entretenir correctement les routes, les bâtiments ou les réseaux électriques en vue de les adapter aux nouvelles conditions et de prévenir de futurs dégâts, s’inquiète l’ICCC. Il faudrait investir jusqu’à 250 milliards $ pour mettre à niveau les infrastructures canadiennes, selon des estimations relayées par l’ICCC.

« L’inaction coûte tout de même beaucoup plus cher que les investissements nécessaires », souligne Julien Bourque.

Il serait possible de réduire jusqu’à 90% les coûts liés à certains dommages climatiques, a calculé l’ICCC, par exemple en fabriquant les routes avec des matériaux plus adaptés. « Toutes les décisions concernant les infrastructures doivent désormais tenir compte des changements climatiques, sinon ça va coûter des milliards de dollars à la population canadienne », insiste Julien Bourque.

À cela s’ajoutent toutes les conséquences humaines quand les infrastructures s’effondrent, ajoute le chercheur. Si nous ne nous adaptons pas rapidement, « nous allons continuer à payer dans le vide, pour avoir en fin de compte une moins bonne qualité de vie », avertit-il.

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