Les Canadiens ne veulent pas payer davantage pour l’environnement : vraiment?

Un récent sondage réalisé par un think tank de la droite économique indique que la population canadienne serait préoccupée par le climat, mais s’opposerait à de nouvelles « taxes » environnementales. Mais c’est la question qui serait mal posée.

Sans surprise, les changements climatiques comptent parmi les enjeux les plus importants pour près de la moitié des Canadiens et des Canadiennes. En effet, 43% des gens classent cette crise parmi les trois questions qui les préoccupent le plus, selon un sondage réalisé par la firme Ipsos pour le compte de l’Institut économique de Montréal (IEDM), une organisation qui défend des idées liées à la droite économique.

Toutefois, le sondage de l’IEDM indique aussi que 65% de la population ne serait pas prête à « payer plus de taxes » pour lutter contre la crise climatique. Et même du côté de celles et ceux qui accepteraient de payer davantage, à peine plus du tiers se dit prêt à débourser au-delà de 100 $ annuellement en « taxes » supplémentaires.

Mais pour Bengi Akbulut, économiste et professeure à l’Université Concordia, le sondage de l’IEDM est « très problématique » sur le plan de la méthodologie.

Elle souligne par exemple que l’idée de « taxe » supplémentaire est très chargée et pourrait avoir influencé les réponses. « C’est un concept qui est connoté négativement », indique la chercheuse. Elle critique aussi l’absence de précisions quant au type de taxation en jeu. « S’il est question d’une taxation fixe pour tout le monde, je dirais non aussi! » s’exclame-t-elle.

« La manière dont la question est posée donne l’impression que la seule manière de faire face aux changements climatiques, ce serait de faire payer les individus ordinaires », déplore encore Bengi Akbulut.

« Il y a pourtant des solutions bien plus accessibles pour faire face à la crise climatique tout en assurant davantage de justice sociale », insiste-t-elle.

L’économiste évoque notamment la possibilité de mettre fin aux subventions à l’industrie fossile. « Il faut cibler les riches », pose-t-elle encore. « Ceux qui ont accumulé beaucoup de richesse en exploitant la nature et la population doivent payer. »

Dans une perspective de « transition juste », explique Bengi Akbulut, des solutions comme un impôt plus progressif ou encore la taxation des grandes industries dommageables pour l’environnement pourraient même permettre de soutenir économiquement les personnes dont l’emploi serait affecté par la fermeture de certains secteurs polluants.

Les résultats présentés par l’IEDM ne découragent pas trop la chercheuse. « Les préférences des gens peuvent changer » du moment qu’on les informe convenablement, croit-elle.

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